Le Hourdel

Instantanés de la Baie de Somme

Pour ce petit article, je vous emmène en baie de Somme au grés de mes pérégrinations…

On commence au Crotoy avec ce magnifique lever de soleil sur la baie, vu du ciel grâce au drone. Le bourg émerge à peine de la brume et les nuages colorés se reflètent sur le sable mouillé pour magnifier le paysage.

Nous passons ensuite au Cap Hornu avec un nouveau point de vue sur la chapelle des marins grâce aux haies taillées récemment. C’est aussi la rencontre avec Titine, la laie apprivoisée qui partage la pâture des chevaux sur les flancs du coteau. Ce sanglier qui dort le long du chemin suscite bien des interrogations chez les promeneurs…

Passage ensuite par les champs de coquelicots près de Pendé. Le soir venu, c’est un défilé de gens qui viennent s’y photographier, comme ces deux jeunes filles qui venaient là pour alimenter leur « Insta ».

Après un petit vol au dessus de la pointe du Hourdel, nous voici à Saint-Valery. Nous déambulons dans les rues de la vielle ville médiévale. Elles sont fleuries par l’association qui gère l’Herbarium. Le long des quais, se sont les terrasses enfin rouvertes qui font les délices des promeneurs.

Le temps de croiser la locomotive Corpet qui tire le petit train à vapeur de la baie de Somme et nous voici au Marais du Crotoy pour assister à l’arrivée des chevaux Henson. La troupe vient boire et s’offrir quelques bains de poussières les pattes en l’air. Les vaches Highland viennent aussi prendre le frais en s’installant dans l’étang. L’une d’elle ira même provoquer beaucoup d’émotion chez les mouettes en allant piétiner les nids sur l’ilot où est établie la colonie.

Retour sur Le Hourdel et vol au dessus du fond de baie pour la suite, avec les agneaux de prés-salés encore parqués pour la nuit près de Saint-Valery, dans les mollières. Et pour finir, un bel arc-en-ciel qui m’aura accompagné depuis les renclôtures jusqu’à Nouvion et la forêt de Crécy.

Les pêcheurs du Hourdel

Rose-orangée après la cuisson, la crevette grise (Crangon crangon) mesure 5 à 7 cm, et sa couleur naturelle varie en réalité suivant le milieu où elle vit (jaune sable, verte, ou grise). On la trouve près du fond, à faible profondeur (moins de  20 mètres). Elle se nourrit la nuit et se déplace surtout à marée haute. Pour autant, elle ne s’éloigne guère de l’estuaire où elle est née [1].  Elle reste enfouie dans le sable le jour, ne laissant dépasser que ses antennes, pour se protéger des prédateurs. La crevette grise est omnivore et c’est un excellent nettoyeur des fonds marin, mais qui concentre les polluants de ce fait.

En baie de Somme, suivant les saisons, les pêcheurs attrapent la crevette grise, la sole, la limande, le turbot ou le carrelet. La crevette grise est une spécialité des pêcheurs du Hourdel, qui réalisent 5% à 10% de la production française. Ce crustacé est rapide et agile, ce qui lui vaut le surnom de « sauterelle« . Par extension, les chalutiers sont donc des « sauterelliers[2]. Ces bateaux sont relativement petits, de 9 à 12 mètres, et embarquent 1 à 3 marins pêcheurs pour une dizaine d’heures en général, parfois plus. Ils raclent le fond avec un chalut spécifique et vanté comme très sélectif. Ce type de chalut (« Devismes et Asselin », du nom de ses concepteurs) a été mis au point par un pêcheur du Crotoy afin de séparer les crevettes capturées des poissons qui sont relâchés. A l’inverse des chaluts classiques, les « gros » dont la taille est supérieure à celle d’une crevette peuvent s’échapper, mais pas les petits. C’est une pêche côtière, pratiquée dans les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche principalement, et de façon artisanale.

Pour autant, l’activité de pêche professionnelle en baie de Somme se résume aujourd’hui pour l’essentiel à quelques chalutiers amarrés dans le petit port du Hourdel.  Durant les mortes eaux, les bateaux sont contraints à aller au Tréport, faute de disposer d’assez de tirant d’eau en baie. Le petit port est alors vide de ses pêcheurs. Quelques familles font perdurer cette activité depuis plusieurs générations, mais leur nombre diminue peu à peu, faute de repreneurs. La raréfaction du poisson est la principale cause de cette désaffection. En 2018 l’Ifremer[4] a d’ailleurs publié une étude estimant que 80% du poisson a disparu en baie de Somme sur ces 30 dernières années. L’étude impute cette disparition au réchauffement des océans, particulièrement exacerbé en Baie de Somme et dans toute la partie Manche/Mer du nord. Il est en effet 4 fois plus rapide ici que dans la moyenne des océans.

C’est donc une véritable chance de pouvoir encore être témoin de cette activité traditionnelle. Voir les enfants accompagner en courant le retour des bateaux dans le chenal ou bien suivre les curieux pour assister au déchargement de la pêche sont des plaisirs simples qu’il faut savoir apprécier… Sans parler de la dégustation !


[1] Etat des lieux des pêcheries de crevettes grises dans les estuaires de la Loire et de la Vilaine, Sylvain Rocheteau, 14/9/2014, Mémoire de fin d’études, Master Sciences Agronomiques et Agroalimentaires Spécialité Sciences Halieutiques et Aquacoles :

[2] Ville de Cayeux-sur-mer : https://www.cayeux-sur-mer.fr/economie-et-developpement/peche-profesionnelle/

[4] Ifremer : Baisse de 80% de l’abondance de poissons en 30 ans en baie de Somme

La baie de Somme à découvert

Quelques images rapportées d’un vol au dessus de la baie de Somme, entre le Hourdel et le Crotoy, au petit matin alors que le soleil se lève et illumine les bancs de sable et les chenaux découverts par la marée basse. Quelques images faites ensuite depuis le sol également

Un joli papillon sur le blockhaus du Hourdel

Un artiste de rue, notre Banksy à nous, nous a offert un magnifique papillon peint sur le blockhaus du Hourdel, en baie de Somme. Une initiative largement appréciée des promeneurs ! Personnellement, j’aime beaucoup, çà s’intègre bien dans l’environnement, çà respecte l’esprit du lieu.

En baie de Somme

Une petite compilation de photos sans grand rapport les unes avec les autres, si ce n’est d’avoir été réalisées en baie de Somme… Au grès de mes pérégrinations, voici donc les jeunes cygnons de l’année au marais du Crotoy, les bécasseaux et les tadornes en réserve naturelle avant que le souffle de la montgolfière ne les pousse à quitter les lieux, quelques poulains Henson du printemps, les vaches écossaises en écopâturage, et les pêcheurs en quête de crevettes grises au Hourdel.

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