La flore de la Baie de Somme
La baie présente une flore bien particulière en fonction des différents milieux qui la composent. Chacune de ces plantes est un sujet de choix pour les amateurs de photo rapprochée et les naturalistes. Les amateurs d’expériences culinaires y trouvent aussi leur compte et les pêcheurs à pied sont nombreux à vivre de la cueillette des plantes offertes par la baie. En voici quelques-unes parmi les plus communes dans la région, ainsi que les lieux où les rencontrer.
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Près des galets :
Chou marin
Sur le cordon de galets, entre Ault et le Hourdel, ou à proximité immédiate, on trouve le Chou marin (Crambe maritima) également appelé “crambé maritime”, en abondance. A l’origine, ces plantes nous viennent de la Baltique. Ces choux semblent sortir de nulle part au milieu des galets au printemps, pour s’épanouir en large touffe de fleurs blanches. C’est une plante qui aime le soleil, la fraîcheur maritime, les sols pauvres en matières organiques, sableux, rocheux et riches en minéraux. Le Chou marin peut mesurer jusqu’à 60 cm de haut et autant au sol. Son parfum très agréable attire les polinisateurs. Devenu rare en milieu naturel, c’est une espèce protégée dont la cueillette est rigoureusement interdite.
Lorsqu’il est cultivé, il se consomme comme un chou ou des brocolis, les jeunes pousses se cuisinent aussi comme des endives ou des asperges. Les Irlandais le consomment même cru en apéritif. Pour la petite histoire, Louis XIV exigeait de l’avoir dans son potager[1] et c’est une plante qui peut vivre 20 ans[2] !
Pavot cornu
Le Pavot cornu (Glaucium favum), Glaucienne jaune ou pavot jaune des sables, pousse dans les galets et au pied des dunes. C’est une jolie plante de 30 cm de haut environ, dont les fleurs ressemblent à des coquelicots jaunes. Elle tient son nom de ses longs fruits étroits et courbés le long de ses tiges, des gousses rappelant la forme des haricots, qui lui donnent cet aspect biscornu. A maturité, ses longs fruits se fendent et libèrent les graines. C’est une plante toxique, à ne surtout pas consommer. Sa sève jaune-orangée a cependant les mêmes propriétés que la Chélidoine contre les verrues.
Armérie maritime
L’Armérie maritime (Armeria maritima), est connue sous plusieurs noms tels que l’œillet marin, le gazon d’Olympe, ou le gazon d’Espagne. Au printemps cette petite fleur se rencontre notamment au Hâble d’Ault, mais également sur la côte d’Opale entre Wimereux et le Cap Gris-nez. Elle forme alors des touffes de fleurs roses d’une quinzaine de cm de haut qui embellissent nos paysages en les ponctuant de touches colorées de rose. Ces pompons roses supportent particulièrement bien le vent et les embruns, et la plante se satisfait de sols sableux et pauvres. C’est également une plante protégée dont la cueillette est interdite.
Lotier corniculé
Le Lotier corniculé (Lotus corniculatus L.) produit de belles touffes de fleurs jaunes qui égaient les paysages du Hâble. On le trouve aussi à l’arrière des dunes, sous sa forme à feuilles étroites (Lotus corniculatus subsp. tenuis, Lotier à feuilles ténues). Le lotier maritime possède quant-à-lui des fleurs jaune pâle (Lotier à gousses carrées, Tétragonolobe maritime ou Lotier maritime, Lotus maritimus). Bien que toxique, le lotier était autrefois utilisé comme calmant et somnifère. C’est aujourd’hui une plante fourragère et un engrais vert apprécié. Ses feuilles nourrissent une douzaine d’espèces de chenilles de papillon et c’est une plante mellifère butinée par les abeilles, ce qui en fait un auxiliaire important de préservation de la biodiversité.
Silène enflé
Le Silène enflé (Silene vulgaris subsp. maritima) se rencontre sur les bandes graveleuses de haut de plage, c’est une jolie fleur blanche qui pousse en groupe, parfois denses. Les pétales entourent un coeur en forme de calice ou de vessie, que les enfants s’amusent parfois à faire éclater comme une petite baudruche. Les feuilles les plus jeunes peuvent être récoltées avant la floraison pour être consommées en potages, salades ou légumes, ou mélangées à une omelette une fois finement hachées.
Dans les dunes
Roquette de mer
La Roquette de mer (Cakile maritima, Cakilier maritime, Caquilier, Tétine de souris) affectionne la laisse de mer et c’est une des toutes premières plantes que l’on rencontre lorsque l’on arrive de la mer, au pied de la dune. Elle est cependant fort sensible au piétinement et ne résiste pas aux vacanciers qui posent la serviette pour le bronzage en haut des plages. En baie d’Authie elle forme pourtant un beau coussin blanc ou mauve le long de la dune près de la pointe de Routhiauville. Cette plante pionnière est particulièrement bien adaptée à son milieu pourtant hostile. Ainsi, pour résister à l’enfouissement, la roquette se redresse et étend ses rameaux, lesquels formeront de nouveaux rhizomes et permettront à la plante de s’élever ainsi étage par étage. Elle résiste au sel, ses feuilles épaisses lui permettent de conserver de l’eau, et en s’installant dans la laisse de mer elle trouve les nutriments sont elle a besoin. Pour la reproduction, la roquette produit deux fruits, l’un qui se détache pour être emmené plus loin par les marées, l’autre qui reste attaché pour se reproduire sur place. Les graines germent après les grandes marées d’équinoxe pour limiter le risque d’enfouissement profond dans le sable. La plante mère meure mais l’espèce perdure grâce aux semences conservées dans le sable jusqu’à la saison suivante. La roquette de mer est comestible, de la famille des choux. Riche en vitamine C, elle est également antiseptique, diurétique et dépurative. Les jeunes feuilles se consomment crues ou cuites, en salade ou en légume d’accompagnement.
Chiendent des sables
Le Chiendent des sables (Elymus farctus ssp.boreali-atlanticus) [3] est une graminée que l’on trouve au pied des dunes, dans la partie délaissée par l’Oyat. Cette plante pionnière halophile tolère mieux le sel et les embruns. Elle forme des touffes moins denses et possède un épi plus court que l’oyat, avec des graines disposées de façon alternée et des feuilles planes. Le réseau racinaire dense du chiendent des sables contribue également à retenir le sable.
Oyat
L’oyat (Ammophila arenaria)[4] pousse sur les dunes blanches, au-dessus du niveau inondé par les marées car il ne tolère que des petites quantités de sel. Cette plante aime les sols sableux et possède des racines profondes, elle joue le rôle de plante pionnière. L’oyat produit également des stolons souterrains qui peuvent s’étendre sur plusieurs mètres (jusqu’à 10 mètres par an !), créant ainsi un réseau qui fixe le sable. La fleur est un petit épi caractéristique des graminées. La plante est armée pour résister à la chaleur et à l’ensablement avec une capacité de croissance verticale rapide et de générer de nouveaux rhizomes. Son nom français « Oyat », vient du Picard, alors que le nom scientifique vient du grec et signifie « aime le sable ». Cette plante est utilisée par l’homme pour stabiliser les dunes et les plantations se rencontrent fréquemment le long de nos plages.
Élyme des sables
L’Élyme des sables (Seigle de mer, Grand Oyat, Leymus arenarius, Elymus arenarius) se rencontre notamment vers la baie d’Authie, il se reconnait facilement avec sa grande taille et sa couleur gris-vert (i.e. glauque). Ses grands épis mesurent de 15 à 30 cm. C’est une espèce rare en France et donc protégée au niveau national. Comme l’Oyat, il occupe la partie supérieure de la dune face à la mer, à l’abri du plus gros des embruns et du sel.
L’Euphorbe maritime
A l’arrière des premières dunes, protégées de la mer, apparaissent les premières fleurs. C’est le cas de l’Euphorbe maritime (Euphorbe des dunes, Euphorbe des sables, Euphorbe du soleil, Euphorbia paralias) qui forme en général des touffes qui regroupent de nombreuses fleurs, avec des racines pouvant atteindre plus d’un mètre de profondeur pour trouver les nutriments et l’eau profondément dans le sable. La particularité de cette plante est de produire une sève, très toxique. Ce latex blanc est irritant au contact de la peau et provoque des troubles cardiaques et neurologiques en cas d’ingestion, pouvant être mortels. Sur cette plante, on peut rencontrer la chenille du sphynx de l’euphorbe (Hyles euphorbiae) magnifique et très colorée, qui n’est pas du tout sensible à son poison et s’en régale !
Belle de nuit
L’Onagre bisannuelle (Oenothera biennis), forme de hautes hampes qui peuvent atteindre 1.20 m et sont chargées de larges fleurs jaunes. Elle aime les sols sablonneux comme au Hourdel, le long de la route blanche, ou les dunes le long de la plage du Crotoy. Elle a la particularité de s’ouvrir en quelques minutes à la tombée de la nuit, et de commencer à faner au lever du jour. Chaque soir de nouveaux boutons éclosent. C’est donc au petit matin qu’il faut la photographier, après avoir enlevé les fleurs fanées ! Cette plante est fort appréciée des papillons de nuits, mais également des passereaux qui se régalent de ses graines riches en huile. Ses racines sont consommées comme des carottes et leur chair rosée après cuisson a un goût de viande fumée, qui vaut à la plante son nom de » jambon des jardiniers« . Les feuilles et les tiges sont connues comme un remède efficace pour soigner les rhumes et l’industrie cosmétique utilise l’huile de ses graines pour ralentir le vieillissement de la peau. Une plante très précieuse aux vertus multiples !
Vipérine
La Vipérine commune (Echium vulgare) forme de belles hampes aux fleurs roses si elles sont en bouton et d’un bleu profond si elles sont à maturité. C’est une plante mellifère au nectar abondant dont les abeilles et les bourdons sont friands. Elle a la réputation de soigner les morsures de vipère, mais c’est plutôt de la forme de ses fleurs qui rappelle la bouche d’une vipère qu’elle tire son nom. Son abondante pilosité est piquante, le toucher n’est pas agréable. Certains la considèrent comme un « viagra » naturel, mais c’est plutôt contre la toux qu’elle est utilisée en infusion. Elle est cependant généralement considérée comme toxique et non consommée. On la trouve souvent dans les sols sablonneux, le bleu de ses fleurs se marie parfaitement avec le jaune de l’Onagre pour enchanter les paysages !
Panicaut maritime
Le Panicaut maritime (Panicaut de mer, Chardon des dunes, Chardon bleu, Panicaut des dunes, Eryngium maritimum) forme des colonies regroupant parfois de nombreux specimen dans les dunes mais aussi dans les zones de galets. Mieux vaut ne pas s’assoir dessus car les feuilles sont dures et piquantes ! En été, il offre de belles fleurs bleues qui font de beaux bouquets secs. Mais, victime de son succès, il est aujourd’hui protégé car trop cueilli, et il est ainsi devenu l’emblème du Conservatoire du littoral. Les Anglais font des sucreries avec ses racines. Le panicaut a de nombreuses propriétés médicinales connues depuis l’antiquité et est utilisé comme laxatif, diurétique, antitussif, anti-inflammatoire, contre le stress, les calculs rénaux, les rhumatismes, l’excès d’albumine… et dans les produits cosmétiques.
Sénéçon
Le terme « Sénéçon » englobe plusieurs genres assez proches et il faut une certaine expertise en botanique pour identifier avec certitude une fleur particulière. La plante mesure 50 à 80 cm de haut et offre de belles petites fleurs jaunes qui poussent en bouquet et colorent les dunes. C’est une plante toxique pour le foie, bien connue des cavaliers qui veillent à se que leur monture ne la mange pas.
Pourpier de mer
Le Pourpier de mer (Honckenya peploides) se rencontre derrière le premier cordon dunaire, un peu protégé des embruns et du sel. C’est une plante d’aspect très géométrique, dont les feuilles semblent ordonnées de façon mathématique.
Argousier
L’Argousier (Hippophae rhamnoides subsp. rhamnoides) est cet arbuste très commun dans les dunes, qui forme des fourrés inextricables et très piquants, avec des branches aux silhouettes tortueuses et noueuses. C’est une plante pionnière, qui peut vivre 80 ans quand même, et qui stabilise les dunes, amende naturellement le sol, mais étouffe également la biodiversité en occupant tout l’espace. On le trouve après le premier cordon de dunes.
S’ils donnent des fruits à partir de 3 ans, il faut néanmoins attendre 7-8 ans pour que les rendements soient maximaux. Ces fruits sont des baies oranges qui poussent en grappes, et colorent les dunes de leurs teintes vives. Elles ont la particularité d’être très riches en vitamine C, vingt à trente fois plus que l’orange parait-il, et ont de multiples propriétés. Les baies sont récoltées à l’automne, lorsqu ‘elles sont suffisamment mûres pour bien se détacher des branches. Elles se consomment en jus, en vinaigre, dans des pâtisseries, en liqueur, en confiture, en compote, en sirop…les recettes sont nombreuses[5]. Les vertus médicinales sont connues depuis au moins 1200 ans ; ces baies sont vermifuges, toniques, astringentes, anti-infectieuses, antisclérotiques, et elles favorisent la cicatrisation des brûlures et des blessures cutanées. L’huile des graines est également utilisée en cosmétique dans les crèmes anti-âge pour raffermir la peau. En horticulture, l’argousier est utilisé pour la stabilisation des sols, pour créer des haies défensives, ou comme plante ornementale.
Tamaris
Le Tamaris (Tamarix) est un arbuste particulièrement photogénique au printemps lorsque qu’il fleurit tout de rose. Il pousse spontanément dans les dunes où il peut former des massifs imposants. Cet arbuste est solide, il résiste au vent et aux embruns. Ses bourgeons sont recommandés contre l’anémie, l’écorce et les feuilles sont diurétiques, sudorifiques, astringentes…
Troène
Le troène commun (Ligustrum vulgare L.) occupe lui aussi une grande place dans les dunes, même s’il est moins envahissant que l’argousier. En juin, il arbore de jolies fleurs blanches, dont l’odeur est fort agréable. Les baies noires et les feuilles sont un toxique puissant, notamment pour les enfants ou les chevaux.
Lagure ovale
Le Lagure ovale, appelé aussi Gros-minet ou Queue-de-lièvre (Lagurus ovatus) se rencontre au bord des chemins au pied des dunes, notamment du côté de la route blanche au Hourdel. On le repère pour son côté graphique, très joli à contre-jour. L’extrémité duveteuse de cette graminée, ses ondulations gracieuses au moindre souffle d’air, évoquent la caresse et lui valent des petits surnom comme « doudou », « Pinpin », ou « mimi »… Ce « gros minet » est surtout apprécié comme plante ornementale…
Clématite des haies
La Clématite des haies ou Clématite vigne-blanche (Clematis vitalba) est également très présente dans les dunes le long de la route blanche au Hourdel. Par endroits les buissons d’argousiers et de troènes sont entièrement recouverts par les lianes fleuries de cette plante, qui peuvent mesurer jusque 25 m et dont les fleurs sont très jolies. Ses fruits soyeux, appelés cheveux de la vierge, restent ensuite longtemps présents sur la plante. Ses fleurs nourrissent les papillons et elle est reconnue pour participer à la richesse de la biodiversité. Ses longues tiges sont parfois utilisées en vannerie ou pour fabriquer des liens. Son nom « d’herbe aux gueux » lui vient des mendiants qui utilisaient ses feuilles irritantes pour s’infliger volontairement des ulcères afin de susciter la pitié.
Et plein d’autres…
Il est bien difficile d’être exhaustif, aussi voici un petit aperçu d’autres espèces que vous rencontrerez à l’arrière du massif dunaire notamment :
Dans la baie
Les mollières abritent les plantes halophiles (ou ‘halophytes’), « qui aiment le sel ». Ces plantes sont étagées entre le haut schorre et le bas schorre, en fonction de leur tolérance à l’immersion et au sel.
Spartine de Townsend
La Spartine de Townsend (Spartina ×townsendii) est la plante pionnière par excellence en baie de Somme. Cette graminée colonise la slikke et retient le sable, jouant ainsi un rôle prépondérant dans l’ensablement de la baie. On la trouve solitaire ou déjà en touffes importantes sur le haut de la slikke, disséminée dans le bas schorre avec les autres plantes, ou encore en colonie exclusive comme devant la plage du Crotoy. Les tentatives pour s’en débarrasser sont pour l’instant restées des échecs car la plante est profondément enracinée et le moindre morceau de la plante arraché et non ramassé lui permet d’essaimer et de repousser plus loin. Elle se reproduit également en disséminant ses graines après la floraison. Cette plante est une menace importante pour la baie de Somme et la baie d’Authie. La constitution de ces herbiers réduit également la place disponible pour les populations de palourdes et impacte les revenus des pêcheurs à pied.
La Salicorne
La Salicorne (Salicornia) est surement la plante la plus connue de la baie de Somme. C’est un concentré de vitamines, de minéraux et d’oligo-éléments. Riche en vitamine C, elle était autrefois transportée dans du sel par les marins pour lutter contre le scorbut. Elle était aussi utilisée contre les calculs rénaux. Elle pousse à la limite de la slikke[6], dans le bas du schorre[7]. Elle est aussi appelée « passe-pierre« , car on la récoltait une fois la Saint-Pierre passée, ou haricot de mer. La cueillette se fait très tôt le matin, voire en fin de nuit, ceci afin que les rayons du soleil n’aient pas eu le temps de ramollir la plante et qu’elle soit facile à couper. La Salicorne se déguste en condiment toute l’année, ne se congèle pas, et pour la manger fraîche il faut être en saison de récolte. Elle se déguste en salade ou comme les haricots verts, avec un petit goût acidulé et salé.
La soude maritime
Les « Pompons« , c’est le nom que les pêcheurs à pied de la baie de Somme donnent à la soude maritime (Suaeda maritima). Autrefois, cette plante était récoltée, puis brûlée pour obtenir de la soude afin de fabriquer du savon, et elle servait aussi dans l’industrie du verre. Elle pousse avec la salicorne en limite de la slikke. Son goût très fin rappelle un peu le céleri, et certains grands chefs l’on incorporée dans leur menu, développant ainsi ce marché assez récent. Le pompon se mange cru ou cuit, ou en soupe, mais pas au vinaigre comme condiment.
Aster maritime
L’ Aster maritime[8] (oreille de Cochon, épinards de mer, Tripolium pannonicum , Aster tripolium) est presque aussi populaire que la salicorne chez les gourmets. Cette plante est récoltée en baie de Somme par les pêcheurs à pied à partir de Mars-Avril et jusqu’en Août, notamment pour l’exportation vers la Hollande. Elle se mange comme les épinards, surtout quand la plante est jeune et ses feuilles tendres. Lorsqu’elle fleurit, elle a la particularité de porter deux types de fleurs différentes, jaunes au centre, blanches à couleur lilas sur l’extérieur.
Les racines de l’Aster maritime sont également utilisées depuis bien longtemps pour leurs propriétés antalgiques alors que son fruit est utilisé contre les calculs urinaires. La plante en décoction est aussi un anti-inflammatoire et on lui prête des vertus anti-cancéreuses. Les feuilles remplies d’iode aident à réguler les hormones de la thyroïde. Elles sont également riches en fibres pour lutter contre le cholestérol et le diabète et améliorer le transit intestinal. La plante est également utilisée en cosmétique pour guérir les inflammations de la peau. Enfin elle entre dans la composition des crèmes solaires pour ses capacité de filtration des UV. Ainsi donc, dans l’oreille de cochon, …tout est bon !
Obione
L’Obione faux-pourpier (Arroche faux-pourpier, chips de mer, cambron, Halimione portulacoides) pousse dans le bas schorre en formation très denses et de façon plus clairsemée dans le haut schorre. Elle crée un tapis végétal de 50 cm de haut environ, d’un beau gris-vert. C’est une plante très riche en fer, en vitamine C et en vitamine PP (anti-vieillissement). On l’appelle « chips de mer » car, séchées au four, ses feuilles deviennent croustillantes comme des chips. On la mange aussi crue en salade ou cuite comme des épinards.
Cochléaire officinale
La Cochléaire officinale (Cochlearia officinalis, cranson, herbe aux cuillères) pousse plutôt sur la partie supérieure du schorre et fleurit au printemps. Elle présente 4 pétales blancs et 4 sépales verts caractéristiques et mesure jusque 40 cm de haut, avec des feuilles rondes en forme de cuillère, d’où son nom vernaculaire. La Cochléaire officinale est riche en iode, en vitamine C et en souffre. Les marins la consommaient autrefois pour lutter contre le scorbut et elle est aujourd’hui classée comme plante médicinale. Elle a des vertus antalgiques, antiseptiques, laxatives, stomachique et anti-inflammatoires. Les feuilles froissées s’utilisent en cataplasme pour guérir les plaies. Quant aux fleurs, elles sont parfois ajoutées à la salade pour leur goût piquant.
Arroche hastée
L’Arroche hastée (trainasse, Atriplex prostrata) se reconnait facilement avec ces feuilles triangulaires en fer de lance. On la trouve dans le bas et le moyen schorre, solitaire ou en grande colonies. C’est une plante comestible qui se consomme crue en salade, ou cuite en soupe, tarte ou comme légume d’accompagnement comme les épinards. Elle est aussi utilisée en pharmacie pour lutter contre les affections cutanées, ou pour purifier l’organisme.
Lilas de mer ou statices sauvages
Les lilas de mer (Limonium vulgare) colorent les mollières de leurs teintes violettes et forment de magnifiques tapis de couleurs en juillet. C’est une plante du haut-schorre, qui apprécie peu d’être submergée. On la trouve à l’entrée de la réserve naturelle près des plages de la Maye où la cueillette est rigoureusement interdite. Les autres principaux sites sont en fond de baie près de Morlaix, au cap Hornu, ou près de la pointe de Routhiauville en baie d’Authie. Un petit bouquet tenant dans la main est généralement autorisé mais il faut se renseigner sur place. Les couleurs passent un peu mais c’est joli dans un bouquet sec ! Dans le passé, les marins en mettaient un bouquet sur leur bateau comme porte-bonheur.
l’Armoise maritime
L’Armoise maritime (Artemisia maritima) ou absinthe de mer pousse sur les pieds de hutte ou le long des chemins, on la trouve facilement au Cap Hornu. Elle présente un aspect un peu cotonneux blanc et une odeur puissante et agréable, qui rappelle un peu le camphre. On lui prête quelques vertues médicinales comme vermifuge, comme tonifiant ou pour faciliter la digestion, et ses fleurs séchées éloignent les mites dans les armoires. L’armoise maritime est de la même famille que l’absinthe qui inspira quelques-uns de nos grands poètes dans le passé.
La puccinellie maritime
La puccinellie maritime (Pucinelle, Atropis maritime, Puccinellia maritima) est une des herbes que l’on trouve dans le moyen schorre, et l’alimentation préférée des moutons d’estran.
Spergulaire marine
La Spergulaire marine (Spergularia marina, Spergularia salina, Spergula marina, Spergula salina) est une toute petite fleur que l’on trouve en abondance dans la partie haute des mollières, au Cap Hornu par exemple ou en baie d’Authie.
Chiendent maritime
Le chiendent maritime (Chiendent du littoral, Elymus athericus) est une espèce autochtone qui s’est beaucoup développée au point d’être considérée comme une espèce invasive[9]. On le trouve notamment en fond de baie où son caractère envahissant réduit la biodiversité végétale. Par voie de conséquence, cette végétation haute et la fermeture du milieu réduisent la diversité des espèces d’oiseaux et les possibilités de nurseries des poissons. Le pastoralisme dans la baie permet néanmoins de limiter la prolifération du chiendent maritime. Il faut un bon niveau d’expertise pour différencier les « herbes » en haut des mollières, d’autant plus que les fétuques, chiendent, etc… ont tendance à l’hybrider mutuellement.
Guimauve officinale
La Guimauve officinale (Althaea officinalis L.), aussi appelée Guimauve sauvage ou Mauve blanche se rencontre en fond de baie, tout particulièrement près de Noyelles-sur-mer, ou en Baie d’Authie à Fort-Mahon. C’est une jolie plante ornementale. Cette grande fleur (1 m de haut environ) pousse en bouquets voire en groupes denses. Ses racines servaient à l’origine en confiserie pour la confection de la guimauve (sucrerie). Le bâton de guimauve (la racine épluchée) était donné à mâcher aux enfants pour faire leurs dents. C’est aussi une plante mellifère appréciée des insectes, et on lui prête également des vertus médicinale pour la composition de crèmes adoucissantes pour la peau par exemple.
[1] Le Chou marin, un légume ancien et rare au goût délicat ! par Lucas Heitz le Jardinier Curieux -8 avril 2014 :
[2] Crambe maritima – choux maritime : https://www.promessedefleurs.com/vivaces/geantes-et-vaporeuses/crambe-maritima-choux-maritime-p-4302.html
[3] Plan de gestion de la réserve naturelle de la Baie de Somme 2011-2015 – http://www.donnees.picardie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/File/patnat/rnn/plandegestion20112015RNBS.pdf
[4] L’oyat, sculpteur de dunes, Gérard Guillot, https://www.zoom-nature.fr/loyat-sculpteur-de-dunes/
[5] « Picardie la mer », Sabine et Bernard Godard, https://picardielamer.wordpress.com/2013/10/27/baies-dargousier-une-gourmandise-dautomne/
[6] Slikke : partie de la baie recouverte à chaque marée, lisse et sans végétation
[7] Schorre : partie de la baie qui n’est recouverte que lors des grandes marées et abrite la végétation de plantes halophiles.
[8] RICHARD Malvina, Écologie et utilisations de l’aster maritime, Tripolium pannonicum L. Thèse pour le diplôme d’état de docteur en pharmacie, Université de Picardie Jules Verne, Année 2017 – https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01985097/document
[9] Suivi du Chiendent maritime en baies de Somme, Authie et Canche, en 2018 – Groupe d’Etude des Milieux Estuariens et Littoraux (GEMEL)