Les pêcheurs du Hourdel

Rose-orangée après la cuisson, la crevette grise (Crangon crangon) mesure 5 à 7 cm, et sa couleur naturelle varie en réalité suivant le milieu où elle vit (jaune sable, verte, ou grise). On la trouve près du fond, à faible profondeur (moins de 20 mètres). Elle se nourrit la nuit et se déplace surtout à marée haute. Pour autant, elle ne s’éloigne guère de l’estuaire où elle est née [1]. Elle reste enfouie dans le sable le jour, ne laissant dépasser que ses antennes, pour se protéger des prédateurs. La crevette grise est omnivore et c’est un excellent nettoyeur des fonds marin, mais qui concentre les polluants de ce fait.
En baie de Somme, suivant les saisons, les pêcheurs attrapent la crevette grise, la sole, la limande, le turbot ou le carrelet. La crevette grise est une spécialité des pêcheurs du Hourdel, qui réalisent 5% à 10% de la production française. Ce crustacé est rapide et agile, ce qui lui vaut le surnom de « sauterelle« . Par extension, les chalutiers sont donc des « sauterelliers" [2]. Ces bateaux sont relativement petits, de 9 à 12 mètres, et embarquent 1 à 3 marins pêcheurs pour une dizaine d’heures en général, parfois plus. Ils raclent le fond avec un chalut spécifique et vanté comme très sélectif. Ce type de chalut (« Devismes et Asselin », du nom de ses concepteurs) a été mis au point par un pêcheur du Crotoy afin de séparer les crevettes capturées des poissons qui sont relâchés. A l’inverse des chaluts classiques, les « gros » dont la taille est supérieure à celle d’une crevette peuvent s’échapper, mais pas les petits. C’est une pêche côtière, pratiquée dans les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche principalement, et de façon artisanale.
Pour autant, l’activité de pêche professionnelle en baie de Somme se résume aujourd’hui pour l’essentiel à quelques chalutiers amarrés dans le petit port du Hourdel. Durant les mortes eaux, les bateaux sont contraints à aller au Tréport, faute de disposer d’assez de tirant d’eau en baie. Le petit port est alors vide de ses pêcheurs. Quelques familles font perdurer cette activité depuis plusieurs générations, mais leur nombre diminue peu à peu, faute de repreneurs. La raréfaction du poisson est la principale cause de cette désaffection. En 2018 l’Ifremer[4] a d’ailleurs publié une étude estimant que 80% du poisson a disparu en baie de Somme sur ces 30 dernières années. L’étude impute cette disparition au réchauffement des océans, particulièrement exacerbé en Baie de Somme et dans toute la partie Manche/Mer du nord. Il est en effet 4 fois plus rapide ici que dans la moyenne des océans.
C’est donc une véritable chance de pouvoir encore être témoin de cette activité traditionnelle. Voir les enfants accompagner en courant le retour des bateaux dans le chenal ou bien suivre les curieux pour assister au déchargement de la pêche sont des plaisirs simples qu’il faut savoir apprécier… Sans parler de la dégustation !
[1] Etat des lieux des pêcheries de crevettes grises dans les estuaires de la Loire et de la Vilaine, Sylvain Rocheteau, 14/9/2014, Mémoire de fin d’études, Master Sciences Agronomiques et Agroalimentaires Spécialité Sciences Halieutiques et Aquacoles :
[2] Ville de Cayeux-sur-mer : https://www.cayeux-sur-mer.fr/economie-et-developpement/peche-profesionnelle/
[4] Ifremer : Baisse de 80% de l’abondance de poissons en 30 ans en baie de Somme –
Moutons de prés-salés en Baie de Somme

Voici une galerie de photos sur le thème de l’agneau de pré-salé en baie de Somme. Certaines vues sont faites dans les renclôtures lorsque les moutons quittent la baie à cause des grandes marées, d’autres sont faites dans les mollières, notamment avec le drone, en suivant le troupeau qui s’éparpille peu à peu dans la baie.
Rencontre avec les agneaux de prés salés

Ce matin là, sur les quais de la Somme à Saint-Valery, j’ai eu le plaisir de voir arriver les célèbres moutons d’estran de la baie de Somme, qu’on appelle également les agneaux de prés-salés puis qu’ils broutent plusieurs mois de l’année dans les mollières. Il faut être là au bon moment, mais les moutons viennent ainsi régulièrement se désaltérer dans la Somme et son eau douce, accompagnés du berger et de ses chiens.
Les pêcheurs de crevettes du Hourdel

Un petit matin au Cap Hornu, près de Saint-Valery en Baie de Somme, pour regarder évoluer les bateaux de pêche dans le chenal de la Somme. Les chaluts sont lancés et remontent régulièrement leur prises, alors que les mouettes affluent pour se repaître des restes que les marins rejettent en mer. L’atmosphère est très douce autour des chalutiers ce jour-là, avec de jolies teintes pastel.
Rencontre avec les pêcheurs du Hourdel.
Voici quelques images des sauterelliers, ces chalutiers qui pêchent la crevette grise en baie de Somme, réalisées devant le Crotoy, dans le chenal de la Somme au Cap Hornu. J’ai pu assisté à la remontée du chalut, mais le tri de la pêche et l’arrivée massive des mouettes se sont fait trop loin, ce sera pour une prochaine fois !
Crépuscule à Quend-Plage
Et voici les images d’une petite promenade entre les bouchots à Quend-Plage, tout près de la Baie de Somme. A marée basse les alignements de parcs à moules sont découverts et les bouchots offrent leur graphisme et leurs fuyantes aux photographes alors que la couleur noire des moules s’oppose au teintes vives du ciel au soleil couchant.




