Découvrir la baie de Somme…
Vous trouverez ici quelques informations et des images qui vous permettront à de découvrir cette belle région qui entoure la Baie de Somme, ou qui permettront à d’autres d’envisager leur région sous un œil nouveau. Peut-être reconnaîtrez-vous les lieux que vous fréquentez au quotidien, sous une lumière particulière, avec une sensibilité différente.
Des images centrées sur la nature, qui illustrent toute la richesse et la diversité des paysages de la Baie de Somme, bien qu’il soit impossible de prétendre à l’exhaustivité.
Des images qui tentent également d’illustrer les liens intimes que les picards ont tissé avec leur environnement naturel, par le maintien d’activités traditionnelles de chasse, de pêche ou de cueillette, d’activités sportives, touristiques, forestières et agricoles, car c’est bien souvent l’homme qui modèle ces paysages.
Des images glanées le plus souvent au cours de longues promenades en solitaire, au petit matin lorsque la lumière est la plus belle, que la brume picarde n’est pas encore dissipée, avec parfois une ambiance «hors saison» lorsqu’il est encore trop tôt pour que les activités humaines soient perceptibles.
Il s’agit également d’un partage…
Partage de l’affection pour une région que j’ai peu à peu découverte, avec ses traditions, ses lumières, ces ciels, ses fleuves, ses falaises, ses baies, ses plages, ses oiseaux, sa forêt ou encore sa campagne. J’espère que les habitants de la région de la Baie de Somme retrouveront ici toute leur identité. Partage de ma passion pour la photographie, de cette jubilation qui envahit parfois le photographe quand il prend conscience qu’il est au bon endroit au bon moment et qu’il peut magnifier un paysage qui redeviendra presque banal quelques instants plus tard, lorsque la lumière aura changé, que la météo aura évolué…
Partage du plaisir que l’on ressent d’avoir réalisé une belle image, ce plaisir qui pousse à se lever avant l’aurore, à sacrifier un petit peu de la vie de famille, à accepter les frustrations également. Car comme les chasseurs ou les pêcheurs, les photographes ont tous des histoires de photos qui auraient été réussies si elles n’avaient pas été ratées et les meilleures images sont celles que l’on a dans la tête et qui restent à faire.
Au fil des galeries photos, j’invite donc le lecteur à découvrir la Côte Picarde, depuis sa partie sud avec ses falaises, jusqu’au nord et ses plages immenses, en passant par la Baie de Somme. L’arrière-pays s’offre ensuite, en suivant le cours de la Somme, de l’Authie et de la Bresle, ces fleuves qui parcourent la Somme et alimentent les nombreuses zones humides. Viennent ensuite la forêt de Crécy et ses hêtraies et la campagne avec ses cultures et ses paysages champêtres.
J’espère sincèrement que vous prendrez autant de plaisir à découvrir ces images que j’en ai eu à les faire, et que j’aurai ainsi ajouté ma modeste pierre à l’éveil des consciences pour protéger ce petit bout de planète…
Carte de la Picardie Maritime (Baie de Somme)
«La géographie ne sert pas seulement à faire de la géopolitique. Cela sert aussi, pour tout un chacun, à admirer davantage de beaux paysages, en comprenant mieux comment ils sont construits.»
Yves Lacoste
La côte crayeuse
La côte crayeuse s’étend depuis l’agglomération de Mers-les-bains – Le Tréport jusque Ault, et se poursuit par le cordon de galets jusque la pointe du Hourdel, en limite de la Baie de Somme, en passant par Cayeux-sur mer et en longeant le Hâble d’Ault et les bas-champs, terres gagnées sur la mer. Les falaises en sont la principale caractéristique, et pour nous qui n’avons pas de montagnes, suivre le sentier qui en longe le sommet est l’occasion de prendre un peu d’altitude pour contempler de vastes horizons, et également de rompre totalement avec les paysages plus classiques de la Picardie.
Qu’on en parcoure la cime ou qu’on se promène à leur pied, les falaises procurent un petit frisson d’excitation car il ne faut pas en négliger le danger, mais également une certaine exaltation face à l’immensité des paysages ou face à cette masse qui écrase… Les falaises offrent également des lumières magnifiques, lorsqu’elles réfléchissent les teintes du soleil couchant ou celles de l’aurore. C’est également sur cette portion de la côte picarde que les tempêtes sont les plus spectaculaires, lorsque les vagues viennent s’écraser sur les rochers ou sur la digue du Tréport et que les flocons d’écume volent au dessus des galets.
La région du Tréport offre encore une réelle activité de pêche, bien plus présente que dans les régions situées plus au nord. Cette pêche se décline aussi bien en mer avec les marins-pêcheurs et leurs chalutiers, qu’au bas des falaises avec les pêcheurs à pied et leur haveneau, ou encore avec la pêche à la ligne au pied du phare. Les remontée d’une bonne prise ou le tri des sauterelles (crevettes grises) sont autant d’occasions pour le promeneur d’engager la conversation avec les personnes qui perpétuent cette activité traditionnelle.
L’aspect touristique est bien entendu présent, et ce depuis longtemps comme nous le rappellent les villas de la belle époque à Mers-les-Bains. Les amoureux de la nature y trouvent néanmoins encore tout leur bonheur et les cavaliers sur la plage sont une illustration des multiples possibilités de promenades qu’offre la cote crayeuse…
La digue en galets s’étire ensuite le long de la réserve du hâble d’Ault et mène à Cayeux, célèbre pour son chemin de planches le plus long d’Europe, bordé de cabines de plages colorées. Les galets, richesse naturelle, y sont également exploités.
«Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.» Marcel Proust
La Baie de Somme
La baie de Somme occupe une place particulière dans le coeur du photographe, et, si peu que je m’en éloigne quelques semaines, l’envie d’aller arpenter ses grands espaces monte inexorablement. La richesse et la variété des lumières, les paysages sans cesse renouvelés, le charme des bourgs qui entourent la baie, l’abondance de la vie animale et les oiseaux omniprésents sont autant de possibilités offertes de saisir une belle image.
La promenade que je vous propose fait le tour de la baie, avec des images réalisées le plus souvent au petit matin, lorsque la lumière est la plus belle…
Au sud, la pointe du Hourdel, où vient mourir le cordon de galets, avec ses immenses bancs de sable découverts à marée basse, où se prélassent les phoques et où les ornithologues comptent les passages d’oiseaux…
Saint-Valery s’offre ensuite comme point de départ d’escapades vers le cap Hornu, et vers les mollières de Pinchefalise. Saint-Valery, c’est aussi le canal de la Somme, les barques dans le chenal et la vue magnifique sur la baie et ses méandres depuis les hauteurs de la vieille ville.
En suivant la D940, vers Noyelles-sur-mer, c’est l’univers des ‘‘renclôtures’’ que l’on découvre, ces terres gagnées sur la mer. Une digue parcourue par le petit train de la baie marque la limite avec les mollières. Les vaches et les chevaux pâturent, en compagnie des hérons, cygnes et autres canards. Difficile de parler de la baie sans évoquer la chasse, dont l’empreinte est partout et qui modèle les paysages de ses étangs et de ses huttes. Impossible également de ne pas évoquer les moutons d’estran, dont la saveur particulière héritée de leur séjour dans les près salés, fait le régal des gourmets.
J’avoue une petite tendresse pour le Crotoy, son petit port, les vues sur le Hourdel et Saint-Valéry, et son cimetière à bateaux. Le plan d’eau de la Bassée, peuplé d’oiseaux et de chevaux Henson est également un lieu où je rôde régulièrement, à l’affût d’une lumière ou d’un mouvement à inscrire sur la pellicule.
Ce sont ensuite les plages de la Maye, si jolies lorsque les lilas de mer sont fleuris et enfin, les plages immenses de la réserve naturelle apparaissent, où il n’est pas rare de croiser conchiliculteurs et cavaliers amoureux de nature.
«La rêverie s’égare, dans ce paysage infini, sur les formes aplanies, sur la douceur et l’usure de cette vieille contrée.» Maurice Barrès
Les plages Picardes
Depuis la Baie d’Authie jusque la Baie de Somme, les plages picardes d’étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres, en passant par Fort-Mahon et Quend-Plage, les deux stations balnéaires les plus connues. Pour qui les découvre, les plages de Picardie impressionnent avant tout par leur immensité. Le sable fin est partout présent et le regard se perd sur l’horizon lorsque la basse marée dévoile toute l’étendue du rivage. Si elles sont (parfois !) propices au bains de soleils, c’est surtout pour les longues promenades au bord de la mer, rythmées par le bruit des vagues, que ces plages sont appréciées.
En soirée, ce sont des lieux qui savent offrir de magnifiques couchers de soleil sur la mer, alors qu’au petit matin, lorsque la lumière passe au dessus des dunes et s’en vient lécher les vagues, elle colore l’écume de ses reflets dorés.
C’est le pays des coquillages, qui craquent sous les pas des promeneurs ou que les enfants ramassent comme des trésors. Lorsque la mer se retire, on peut voir les mouettes et autres goélands se précipiter pour venir glaner leur repas dans un concert de cris. On y trouve également les milliers de bouchots qui s’étendent au sud de Quend-Plage, et qui font de la conchiliculture une activité phare du littoral.
C’est aussi le pays de la lande dunaire, peuplée de lapins, où poussent les argousiers, les oyats et où les arbres ne parviennent pas à se fixer. Ces paysages formés de creux et de bosses, où le sable est omniprésent, ne sont pas sans évoquer quelque désert lointain…
Enfin, c’est aussi le royaume du vent, qui se contente souvent d’agiter les oyats ou de dessiner des motifs abstraits sur la plage, mais qui parfois soulève le sable et cingle les visages, les jours de tempête. Ce sont ce vent et ces étendues vierges qui rendent les plages picardes si attractives pour les sports tels que le char-à-voile ou le Kyte-Surf. Les jours de grand vent, c’est un régal que d’aller voir ces acrobates évoluer entre ciel et mer, au milieu de l’écume et des embruns.
«La mer est l’élément le plus difficile à décrire, comme le plus difficile à photographier.» Paul Guimard
Les vallées
La Picardie Maritime est délimitée au nord par la vallée de l’Authie et au sud par la vallée de la Bresle. Ces deux vallées sont réputées pour offrir de jolis paysages et pour le fait que l’Authie et la Bresle sont parmi les rares fleuves à accueillir des poissons migrateurs tels que le saumon atlantique ou les truites de mer, qui viennent y frayer.
A ces frontières naturelles, s’ajoute la basse vallée de la Somme qui traverse la région, en de long détours sinueux avant que le fleuve ne soit canalisé entre Abbeville et Saint-Valery. La Somme présente un débit lent et régulier, les crues sont rares même si celle de 2001 a laissé de bien mauvais souvenirs. Les anciennes tourbières, qui, par le passé, ont fait la fortune de villages tels que Long par l’exploitation de la tourbe, sont aujourd’hui de vastes espaces, consacrés en grande partie à la chasse et à la pêche. Les marais de Long, de Mareuil-Caubert et de Longprès-les-Corps-Saints en sont l’illustration avec leur cabanes de pêcheurs bien souvent construites de bric et de broc, les pontons et les barques noires ou encore les huttes de chasse et leurs enclôts de grillage pour les canards appelants.
Enfin, on peut y ajouter la Maye qui se jette dans la Baie de Somme et dont la vallée abrite un marais propriété du conservatoire du littoral pour la richesse de sa flore et de sa faune, avec notamment les rares moules géantes d’eau douce. Ces prairies humides où règnent saules et peupliers sont également d’anciennes tourbières.
Les images de ces galeries invitent à suivre les méandres de ces cours d’eau, bien souvent au petit matin, lorsque la lumière et la brume magnifient les paysages. La baie d’Authie, petite soeur de la baie de Somme, quoique beaucoup moins étendue, est également présente. Un petit détour par les Jardins de Valloires et la magnifique roseraie qu’on y découvre est également proposé, avec l’aimable accord de l’organisme gestionnaire Destination Baie de Somme .
«Contemplation rime avec compréhension.» Nicolas Hulot
La forêt de Crécy
La forêt de Crécy est un lieu d’histoire… A l’époque romaine, elle s’étendait depuis la Somme jusqu’à l’Authie. Les Romains commencèrent à défricher la forêt pour y percer différentes routes, puis les moines, notamment ceux de Valloires, entreprirent de transformer une grande partie de cette forêt en terres labourables.
Durant la guerre de Cent Ans, c’est en bordure de cette forêt que se déroula la célèbre bataille de Crécy en 1346, qui vit la défaite cuisante de l’armée française face aux troupes anglaises. Initialement rattachée au Comté de Ponthieu, la forêt devint ensuite propriété du Comte d’Artois. A la révolution, elle devient la forêt domaniale de Crécy, propriété de l’Etat, et seul le bois du Rondel qui représente environ 10% de la surface actuelle de la forêt, reste un bois privé. Très giboyeuse, la forêt abritait autrefois des aigles et les loups étaient si nombreux au XIV ième siècle qu’ils entraient en meute dans les villages, à la grande frayeur des habitants. La forêt de Crécy fut un terrain de chasse apprécié de François 1er qui y possédait un pavillon de chasse.
Aujourd’hui, la superficie de la forêt de Crécy est de 4300 hectares et elle s’étend du Sud-Est au Nord-Est d’Abbeville. Ce massif est considéré comme l’un des plus beaux au nord de Paris. En 1905, une trentaine d’arbres ont été classés comme arbres remarquables, plus de vingt subsistent aujourd’hui, dont le chêne des Ramolleux qui aurait été planté après la bataille de Crécy, il y a 600 ans…
Les principales essences sont le hêtre et le chêne, mais également le bouleau, le charme et le saule. Le bois fourni par la forêt est une richesse qui de tous temps a été exploitée et protégée. L’exploitation s’est longtemps organisée autour de la production de bois de chauffage à partir de taillis sous futaie. La futaie est en grande partie constituée de hêtres blancs qui bénéficient d’une réputation de qualité. Aujourd’hui c’est la production de bois d’œuvre qui est privilégiée, au détriment du bois de chauffage. L’incidence du réchauffement climatique conduit également l’ONF à privilégier le chêne plutôt que le hêtre qui supporte moins bien les changements du climat.
Des aires de pique-nique, des espaces de jeux pour les enfants, des circuits de randonnée balisés et des allées cavalières ont été aménagés. La forêt sait aussi se montrer généreuse avec les ramasseurs de champignons et le chevreuil et le sanglier sont chassés en battue d’octobre à février.
Pour le photographe, la forêt est source d’inspiration permanente, par ses couleurs, ses alternances de saisons, la magnificence et la majesté de certains arbres, la fragilité de jeunes pousses, par ses lumières et par les rencontres fortuites avec la faune.
«Parfois, un arbre humanise mieux un paysage que ne le ferait un homme.» Gilbert Cesbron
Terres agricoles
La Picardie Maritime se divise en deux principales régions agricoles. Le Ponthieu au nord, où dominent l’élevage bovin, les cultures intensives de céréales (maïs, blé, orge, escourgeon) et de légumes (pois, salsifis, pommes de terre, endives, choux), les betteraves ou le lin. Au sud, le Vimeu est plutôt tourné vers l’élevage laitier et les prairies dominent.
Les céréales occupent environ la moitié des terres cultivées. Elles sont utilisées principalement pour l’alimentation des hommes et des animaux, mais également dans les industries papetières, chimiques, pharmaceutiques, cosmétiques, pour leurs fibres, l’amidon, la cellulose ou pour la production d’éthanol. Des équipes de recherche, regroupées en Picardie au sein d’un pôle de compétitivité, travaillent à la valorisation de ces ressources agricoles. Le blé et l’orge sont semés en octobre et les pousses sortent de terre durant l’hiver. En Avril et Mai, les tiges et les épis se forment et le grain atteint sa maturité en Juin. En juillet, les agriculteurs commencent à venir régulièrement prendre des échantillons dans les champs pour mesurer le degré d’humidité et vient alors le temps de la moisson durant lequel les belles journées sont rythmées par le va-et-vient des bennes de grain qui rejoignent la coopérative.
La pomme de terre est, quant-à-elle, semée au printemps, les champs présentent alors des butées caractéristiques.
Les primeurs seront récoltées en juin, celles destinées à être consommées tout l’hiver à l’automne.
Autre produit phare de la région, la betterave est bien adaptée aux terres riches de la Picardie. Cette plante bisannuelle stocke ses réserves de sucre la première année, et utilise ces réserves pour fleurir et produire ses graines la deuxième année. Elle est donc récoltée en fin de première année, au début de l’hiver. C’est l’époque où les immenses tas de betteraves apparaissent le long des routes de campagne et où les automobilistes apprennent à se faire tout petits quand ils croisent les camions-bennes qui foncent vers la sucrerie, chargés à ras-bord !
Le climat de la Picardie Maritime est également favorable au lin et cette culture y est très présente, offrant au regard de magnifiques champs teintés de bleu. Une fois les graines à maturité, les tiges sont arrachées par d’étonnantes machines qui les déposent en andains sur le sol où les bactéries détruiront les ciments qui lient les fibres, c’est le rouissage. Le lin, ramassé ensuite sous forme de grosses balles rondes, est acheminé vers l’industrie textile.
Les oléo-protéagineux, plantes cultivées pour leur richesse en huile et/ou en protéines (colza, pois) et les légumes constituent pour l’essentiel, le reste des cultures.
«Il en est des paysages comme des hommes : il faut un peu les vivre pour pénétrer leurs secrets.» Harry Bernard