Baie de Somme

Ciel d’orage sur le Crotoy

La baie de Somme offre parfois des lumières incroyables, et c’était le cas ce soir là au Crotoy alors que le soleil se couchait. D’énormes nuages étaient éclairés par en dessous et Saint-Valery restait éclairé, pour une ambiance exceptionnelle. J’étais bien content d’avoir pris l’appareil photo avec moi pour aller manger une moules-frites sur le port !

Le Bois du Rompval

Cette année j’ai eu le plaisir de pouvoir participer à la seule et unique visite annuelle du bois du Rompval, sur les falaises entre Mers-les bains et le bois de Cise. Le site est habituellement fermé au public et c’est la seule occasion offerte d’y pénétrer et de le découvrir, uniquement sur inscription.

Tout d’abord, commençons par une petite précision sur l’origine du nom de ce bois. Le « Rompval », c’est cet endroit où la falaise coupe le petit vallon en haut du plateau calcaire (le « val est rompu ») et qui a donné son nom au bois.

A l’origine la forêt couvrait tout le haut des falaises, da Ault à Mers-les bains, mais on sait que déjà au 17ème siècle il ne restait plus que le bois du Rompval et le bois de Cise. Le bois du Rompval couvre aujourd’hui une superficie de 55 ha environ. Il fut longtemps la propriété d’une famille qui ne l’utilisait que pour la chasse à la bécasse, sans exploiter le bois. Aujourd’hui le bois du Rompval appartient au Conservatoire du Littoral, avec une délégation de gestion au Syndicat Mixte de la Baie de Somme.

La situation du bois du Rompval, entre terrre et mer et en haut des falaises, ainsi que le fait que le bois n’ait pas été exploité depuis de nombreuses années, en font un un site remarquable pour la biodiversité. Ici les sols ne sont pas tassés par les engins très lourds de l’ONF, ce qui permet aux fleurs printannières de s’épanouir. C’est ainsi un des rares endroits de la région où les jonquilles sont présentes en début de printemps. La proximité du trait de côte, marquée par les attaques du vent et des embruns salés, produit également le phénomène dit « d’anémomorphose » : la forme des arbres les plus proches du bord de la falaise est sculptée par les intempéries, les troncs et les branches sont courbés et comme torturés et allongés par le vent, avec des pousses nécrosées par les embruns. Ces premiers arbres sont ainsi sacrifiés par la nature pour protéger le reste du bois plus éloigné de la falaise, qui retrouve une apparence plus classique, avec comme essences principales le hêtre, le chêne, le charme…

Soixante-dix (70) espèces d’oiseaux ont été recencées ici, et le bois abrite également des renards, blaireaux, chevreuils, et quelques sangliers. C’est egalement une des dernières stations connues d’un papillon en voie d’extinction dans les Hauts-de-France. La fermeture du site au public, permet de ne pas déranger les espèces qui vivent ici. Pour la flore, on trouve la Parisette à quatre feuilles – Paris quadrifolia (et à 5 feuilles aussi !), le fragon (Ruscus aculeatus L.) petit abuste mi-houx, mi-buis, et d’autres plantes rares dans les Hauts-de-France. Au printemps, le sol est couvert de jacinthes sauvages (Hyacinthoides non-scripta), d’ail des ours en fleurs (Allium ursinum),  de stellaires des bois (Stellaria nemorum) et parsemé de Lamier jaune (Lamium galeobdolon) ou de Bugle rampant (Ajuga reptans). Une compétition pour la lumière s’installe, avec les fleurs au sol qui apparaissent les premières, puis les arbustes tels que le noisetier qui font leurs feuilles à l’étage supérieur, et enfin les grands arbres qui vont finalement faire leur feuillage et capter l’essentiel de la lumière du jour.

Pour préserver cet ilôt de biodiversité, le syndicat mixte a fait le choix de laisser le bois en libre évolution, en intervenant le moins possible en dehors des deux allées principales. C’est en partie pour cette raison que l’accès au public est interdit. Le bois mort n’est pas ramassé, avec de nombreuses branches brisées qui restent en équilibre précaire dans les hauteurs et peuvent chuter à tout moment. Le bois n’a pas non plus été complétement déminé après guerre et il reste encore des obus non explosés, les trous de bombes de-ci, de-là le confirment. Enfin il convient de ne pas piétiner les sol pour préserver la flore. Ici on ne vient qu’une fois par an et on marche en file indienne !

La promenade se poursuit dans le prè aux anglais, pâture située au coeur du bois, qui servit de camp de base aux anglais lors de la guerre de 100 ans et lors de la première guerre mondiale. Lorsque les premiers chars d’assaut furent déployés en 14-18, c’est ici que les soldats apprenaient à piloter ces engins. C’est un autre écosystème où l’homme est bien présent (surtout les vaches en fait !), qui n’est pas exempt de traitements phytosanitaires de la part de l’agriculteur exploitant car il n’est pas encore géré par le syndicat mixte, mais qui recèle néanmoins plusieurs espèces rares parmi les herbacées présentes, notamment en entrée de pâture.

La balade s’achève sur le bord de la falaise, où poussent les orchidées sauvages, et qui est un « spot » connu pour observer la migration des passereaux qui suivent le trait de côte pour se déplacer. Notre guide nous signale ainsi un passage de 13 000 Pipit Farlouses en une journée, peu de temps avant notre venue !

Enfin, car tout à une fin, on goûte à nouveau aux belles allées fleuries sur le chemin du retour, avant de quitter ce lieu enchanteur. La visite est organisée tous les ans au printemps, je vous la recommande vivement ! Il faut guetter les annonces du syndicat Mixte Baie de Somme lorsque les jacinthes sauvages sont en fleurs !

Grande marée d’équinoxe en baie de Somme

Les grandes marées d’équinoxe en baie de Somme offrent un spectacle naturel saisissant, où l’eau envahit les mollières, les huttes flottantes remontent avec la marée, et les oiseaux se déplacent vers le fond de la baie. Ce phénomène, marqué par une vitesse impressionnante et un marnage important, attire chaque année de nombreux visiteurs.


Les grandes marées d’équinoxe sont un événement naturel fascinant qui se produit lorsque le Soleil, la Lune et la Terre s’alignent. Ce phénomène est particulièrement visible lors des équinoxes de printemps et d’automne. En baie de Somme, ces marées se caractérisent par un marnage important, c’est-à-dire une grande différence de niveau entre la marée haute et la marée basse.

La vitesse à laquelle la mer arrive est impressionnante, il suffit de se placer à la pointe du Hourdel pour voir la force du flot qui incline les bouées à 45°. Lors des grandes marées, le coefficient de marée, qui mesure l’amplitude de la marée, atteint des valeurs supérieures à 110, le maximume étant de 120. Plus ce coefficient est élevé, plus le marnage est important. En baie de Somme, ce marnage peut atteindre jusqu’à 10 mètres.

Les mollières sont ces zones humides typiques de la baie de Somme, souvent recouvertes par la mer lors des grandes marées. Ces zones sont essentielles pour la biodiversité locale, offrant un habitat à de nombreuses espèces végétales et animales. Lors des grandes marées, l’eau envahit ces mollières, créant un paysage changeant et dynamique.

C’est aussi l’occasion de mesurer combien les huttes flottantes utilisées pour la chasse sont nombreuses dans la baie puisqu’elles remontent à cette occasion. Ca donne une idée du nombre d’oiseaux tués chaque année juste pour s’amuser par les chasseurs.

La baie de Somme est néanmoins un site majeur pour l’observation des oiseaux migrateurs. Lors des grandes marées, les oiseaux se déplacent vers le fond de la baie, suivantl’avancée des eaux. Ce mouvement offre une opportunité unique pour les observateurs de voir de grands vols groupés de courlis ou d’huitriers-pies.

Prendre un peu de hauteur avec le drone permet de bien appréhender le phénomène et de voir les paysages se transformer, ici au Hourdel et au Crotoy. On arrive ainsi à mieux imaginer que le Crotoy fut autrefois une île et le Hourdel un port depêche bien plus important !

Conseils pour Observer les Grandes Marées

  • Consultez les Horaires des Marées : Il est essentiel de vérifier les horaires des marées pour planifier votre visite et éviter de vous faire surprendre par la remontée des eaux.
  • Équipement Adéquat : Prévoyez des bottes ou des chaussures imperméables pour marcher sur les zones humides et des vêtements chauds, car le vent peut être frais.
  • Respectez l’Environnement : La baie de Somme est un parc naturel, il est donc important de respecter la faune et la flore et de ne laisser aucun déchet derrière soi.

Clair de lune en Baie de Somme au Hourdel

La baie de Somme offre chaque jour un spectacle renouvelé, et ce matin, c’est au Hourdel que je me rends pour une session photo. À mon arrivée auprès du célèbre blockhaus penché, le soleil n’est pas encore levé. L’ambiance est particulière, teintée d’une lumière rose qui enveloppe peu à peu le paysage.

Déjà il a fallu gratter la voiture avant de partir, mais ici, il faut faire face en plus à un vent fort et glacial qui balaie la baie. Immédiatement, je regrette d’avoir quitté mon lit chaud et douillet si tôt ! Le froid est mordant, et je suis littéralement frigorifié.

Capturer l’instant malgré le vent

J’hésite à faire voler le drone, d’abord à cause du vent fort qui rend les manouvres de décollage et d’atterrissage assez risquées pour le matériel, mais aussi parce que çà oblige à rester immobile sur un endroit dégagé afin que le signal de commande porte bien. Je me décide quand même et c’est l’occasion d’imortaliser ce clair de lune sur la baie entièrement vidée de son eau par la marée basse. Les reliefs et les graphismes du fond marin se révèlent dans une harmonie de couleurs et de textures, offrant un tableau naturel d’une finesse remarquable.

Quelques minutes encore et les premières lueurs du soleil teintent l’horizon. La beauté du moment contraste avec la température glaciale qui me pousse à ranger mon matériel. Le froid me fait rejoindre mon automobile comme chantait Nougaro !

Une promenade matinale en baie de Somme : entre lumière et nature

La baie de Somme, joyau naturel des Hauts-de-France, dévoile toute sa splendeur aux premières lueurs du jour. Ce matin, la promenade commence au port du Crotoy, alors que le soleil se lève doucement derrière les écluses du bassin de chasse. Le ciel se pare de teintes roses et orangées, projetant leurs reflets chatoyants sur l’eau calme. Les voiliers arrimés au ponton offrent un cadre idéal pour capturer de beaux clichés, et l’un des rares chalutiers encore présents ajoute une touche d’authenticité, rappelant l’histoire maritime du Crotoy.

Le spectacle du lever de soleil attire d’autres amoureux de la nature et un couple de lève-tôt profite du moment près de moi. La lumière dorée vient baigner les façades et les pierres de la jetée, et les couleurs vives es habitations et des bateaux se saturent, sublimant le paysage.

Prendre de la hauteur sur la baie de Somme

Je prends le drone pour capter en image l’immensité du payage autour de moi, je capte l’immensité de la baie, révélant les mollières et les bancs de sable laissés à nu par la marée basse. La lumière rasante accentue les reliefs des rieux et des touffes de spartine, formant un tableau naturel saisissant. J’en profite aussi pour faire quelques images des « arbres » de la baie, ces dessins au sol formés par les rieux et leurs nombreuses ramifications.

Rencontre avec la faune du marais du Crotoy

La promenade se poursuit vers le marais du Crotoy, où une grande aigrette s’envole gracieusement. Son plumage nuptial, d’un blanc immaculé, capte la lumière matinale et offre une scène majestueuse. Plus discrète, une aigrette garzette se livre à une partie de pêche, avalant prestement les petits poissons qu’elle capture avec adresse.

Cap vers Le Hourdel et rencontre avec les phoques

Je reprends la voiture pour rejoindre Le Hourdel, un autre site emblématique de la baie de Somme. Dès mon arrivée, je suis accueilli par deux phoques se reposant sur un banc de sable à l’entrée du port. C’est une première pour moi de les observer d’aussi près à cet endroit. Leur curiosité semble réciproque, un échange silencieux s’installe entre nous. Cette fois, ce sont trois gendarmes qui nous rejoignent et oublient un peu la surveillance des migrants pour partager ce petit moment de nature…

Un peu plus loin, un phoque gris, plus imposant, vient pointer son museau près de la rive, ajoutant une note de magie à cette matinée déjà riche en émotions.

Mais déjà la lumière commence à devenir dure, il est temps de rentrer trier les photos. Il y a des jours comme çà où la baie est vraiment généreuse !

Photographies aériennes des bancs de sable et mollières en Baie de Somme

La Baie de Somme est l’un des paysages littoraux les plus changeants d’Europe. Vaste amphithéâtre naturel soumis aux marées, elle offre un terrain privilégié pour l’observation de formes et de textures qui échappent au regard à hauteur d’homme. Grâce aux prises de vue par drone, les bancs de sable et les mollières révèlent une dimension graphique étonnante, presque abstraite.

Des dégradés de couleurs naturels

Depuis le ciel, les nuances de la Baie s’imposent comme une palette picturale : ocres du sable humide, gris doux des vasières, verts profonds des herbus et reflets argentés de l’eau. Ces dégradés se fondent les uns dans les autres, créant des transitions délicates que seule une vision aérienne permet de saisir dans leur continuité.

Jeux de formes et de motifs

Les bancs de sable dessinent des lignes sinueuses qui évoquent parfois des empreintes digitales, parfois des cartes imaginaires. Les mollières, quadrillées de petits chenaux, composent des réseaux réguliers où la répétition des motifs rappelle les œuvres graphiques. Ces structures, produites par l’action conjointe des marées et des sédiments, témoignent de l’équilibre fragile mais permanent entre mer et terre.

Entre abstraction et réalisme

À mesure que le drone s’élève, l’échelle se brouille. Les repères habituels disparaissent, laissant place à des images qui oscillent entre photographie documentaire et composition artistique. Ces vues aériennes incitent à contempler le paysage non seulement comme un espace naturel, mais aussi comme une œuvre visuelle aux résonances abstraites.

Un regard renouvelé sur la Baie de Somme

Ces photographies aériennes invitent à redécouvrir la Baie de Somme autrement. Plus qu’un décor naturel, elle apparaît comme un tableau vivant, toujours en mouvement. En offrant ce regard graphique et inédit, le drone souligne la richesse d’un territoire classé parmi les plus belles baies du monde, et met en valeur la dimension esthétique de ses dynamiques naturelles.

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