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C’est l’heure de la moisson !

France, Somme (80), Nouvion en Ponthieu, Moissonneuse-batteuse en train de moissonner un champ de blé (moisson) // France, Somme (80), Nouvion en Ponthieu, Combine harvester harvesting a wheat field (harvesting)

La moisson aura été bien compliquée cette année et nos agriculteurs ont eu bien du mal avec ce temps pluvieux incessant. Il a fallu profiter de chaque fenêtre de beau temps pour récolter le blé très vite et rentrer la paille dans la foulée. Même alors, la rosée tombait très tôt, empêchant de poursuivre le travail de nuit comme c’est la coutume. Et tout cela pour des rendements vraiment pas exceptionnels.
Malgré tout ces aléas, j’ai été accueilli très gentiment par ces agriculteurs de la Picardie Maritime et de la Baie de Somme. J’ai rencontré des gens heureux de faire une petite pause au coin du champ pour papoter un peu ou simplement contents d’avoir des images de ce moment particulier qui reste une fête. Et puis les photos de la moisson avec le drone sont toujours intéressantes avec leurs trainées de poussières derrière les moissonneuses-batteuses ou en permettant d’approcher très près de ces énormes machines en action.

Instantanés de la Baie de Somme

Pour ce petit article, je vous emmène en baie de Somme au grés de mes pérégrinations…

On commence au Crotoy avec ce magnifique lever de soleil sur la baie, vu du ciel grâce au drone. Le bourg émerge à peine de la brume et les nuages colorés se reflètent sur le sable mouillé pour magnifier le paysage.

Nous passons ensuite au Cap Hornu avec un nouveau point de vue sur la chapelle des marins grâce aux haies taillées récemment. C’est aussi la rencontre avec Titine, la laie apprivoisée qui partage la pâture des chevaux sur les flancs du coteau. Ce sanglier qui dort le long du chemin suscite bien des interrogations chez les promeneurs…

Passage ensuite par les champs de coquelicots près de Pendé. Le soir venu, c’est un défilé de gens qui viennent s’y photographier, comme ces deux jeunes filles qui venaient là pour alimenter leur « Insta ».

Après un petit vol au dessus de la pointe du Hourdel, nous voici à Saint-Valery. Nous déambulons dans les rues de la vielle ville médiévale. Elles sont fleuries par l’association qui gère l’Herbarium. Le long des quais, se sont les terrasses enfin rouvertes qui font les délices des promeneurs.

Le temps de croiser la locomotive Corpet qui tire le petit train à vapeur de la baie de Somme et nous voici au Marais du Crotoy pour assister à l’arrivée des chevaux Henson. La troupe vient boire et s’offrir quelques bains de poussières les pattes en l’air. Les vaches Highland viennent aussi prendre le frais en s’installant dans l’étang. L’une d’elle ira même provoquer beaucoup d’émotion chez les mouettes en allant piétiner les nids sur l’ilot où est établie la colonie.

Retour sur Le Hourdel et vol au dessus du fond de baie pour la suite, avec les agneaux de prés-salés encore parqués pour la nuit près de Saint-Valery, dans les mollières. Et pour finir, un bel arc-en-ciel qui m’aura accompagné depuis les renclôtures jusqu’à Nouvion et la forêt de Crécy.

La culture du lin textile en baie de Somme

Le lin textile aime les sols riches en limon, pauvres en craie et le climat maritime, ce qui en fait une des cultures les mieux représentées en baie de Somme. Notre département de la Somme est d’ailleurs un des dix principaux départements producteurs en France. Le lin est semé en Mars et arraché à la mi-juillet en général et cette culture nous offre parfois le spectacle dans champs de lin en fleurs. Il faut un peu de chance pour y assister, car les plantes ne fleurissent pas toujours toutes ensemble. Dans ce cas, c’est juste une impression de bleuté qui se dégage. Mais quand les fleurs arrivent toutes simultanément, c’est vraiment joli. Par contre çà ne dure guère plus d’une demi-journée, les fleurs fanent et tombent très vite, on fait la photo tout de suite ou pas du tout !

Après la floraison, le lin forme ses graines et les champs passent du vert au marron. Ensuite, il n’est pas coupé, mais arraché, avec de drôles de machines qui rappellent un peu les véhicules de Diabolo et Satanas dans les Fous du volants pour ceux qui ont connu ce dessin animé. L’ensemble des fibres de la tête à la racine est ainsi préservé. Ces machines sont également utilisées ensuite pour retourner le lin sur la terre. C’est la période du rouissage, une opération qui requiert toute l’expérience de l’agriculteur. Durant cette période de plusieurs semaines où les andains de lin sont posés à terre, près de 215 espèces de champignons et 95 espèces de bactéries vont détruire la pectose, qui est le liant naturel entre les fibres de la plante. Pas assez de rouissage et les opération suivantes seront difficiles, trop de rouissage et les fibres dégradées seront de mauvaise qualité.

Lorsque le lin est prêt, il est roulé pour former de grosses meules. Elles sont transportées à la coopérative de Martainneville (dans le Vimeu, à l’ouest de la Somme, entre Abbeville et Blangy-sur-Bresle) pour l’essentiel. C’est là que se déroulent les opération de teillage pour produire la filasse notamment. La filasse est la fibre la plus longue extraite de la paille de lin, destinée pour l’essentiel à l’industrie du vêtement en chine. Elle représente environ un quart de la matière première. Les fibres courtes (les étoupes) sont quant-à-elles mélangées à du coton ou de la laine, ou utilisée pour faire du papier à cigarette ou pour les billets de banque, ou encore pour les matériaux d’isolation. Les graines du lin textile ne sont pas comestibles. elles servent à faire de l’huile pour les peintures ou encore pour l’alimentation du bétail. Au final, il reste environ 50% du poids de la paille de lin initiale, qu’on appelle les anas. On les utilise pour la confection de panneaux agglomérés car c’est un bon isolant phonique. Les anas sont également utilisés pour pailler les jardins ou comme litière pour les chevaux. Enfin, les poussières servent de compost.

Le Festival de Cerfs-volants de Cayeux-sur-mer

Voici une série de photographies réalisées à Cayeux lors de la grand fête des cerfs-volants. La météo était parfaite ! Un grand plaisir de sortir à nouveau dans ces manifestation.

C’est une manifestation des plus sympathiques que ce petit festival des Cerfs-volants de Cayeux. Il n’a pas grand-chose à voir avec les Rencontres Internationales de Cerfs-volants de Berck qui drainent les foules sur la côte d’Opale. A Cayeux, on est sur un format familial, le temps d’un week-end, avec quand même une petite centaine de cervolistes de la région qui viennent tout spécialement. Ici le vent laminaire est stable, sans turbulences, très propice à la pratique de ce loisir. On peut ainsi admirer de nombreux cerfs-volants simultanément, dont certains très volumineux. Les « statiques », telles que pieuvres, licornes, canards, poissons et personnages divers s’élèvent dans les airs et colorent le ciel de leurs teintes vives. Les passionnés de cerf-volant partagent volontiers leur savoir-faire et les débutants peuvent s’initier au pilotage ou à la fabrication. Vu de la plage, les couleurs des cabines se marient avec celles des cerfs-volants pour former un joli camaïeu et un beau spectacle. Il y a également moult fanions et éoliennes pour parfaire l’ambiance, et des démonstrations de vol synchronisé pour de belles chorégraphies.

Fêtes de la vapeur en Baie de Somme

On les entend siffler régulièrement, on voit leur panache de fumée au loin, on les croise au passage à niveau ou lorsqu’ils entrent en gare, les petits trains à vapeur font partie intégrante de la vie de la baie de Somme.  En 50 ans, les trains à vapeur touristiques sont devenus une véritable institution portée par l’association du Chemin de fer de la Baie de Somme (CFBS) [1]. L’association restaure du matériel ferroviaire et entretient la mémoire du réseau des bains de mer inauguré en 1887. L’association regroupe de nombreux passionnés qui connaissent sur le bout des doigts les différents écartement de voies, les modèles de locomotives et de wagons, etc… Il sauront aussi vous raconter comment le développement du train a modelé les paysages, notamment en endiguant le fond de baie et en participant ainsi involontairement à l’ensablement de celle-ci. L’histoire de ce train est également intimement liée à l’histoire du développement économique de la région, avec le transport des galets et des coques, des betteraves, de la chicorée, ou encore du bois de la forêt de Crécy… C’est en 1957 que les dernières locomotives à vapeur sont définitivement réformées. Le site internet de l’association détaille toute cette page de l’histoire locale.

Aujourd’hui le CFBS emploie une vingtaine de salariés permanents et transporte jusqu’à 200 000 visiteurs par an, ce qui en fait un des tout premiers chemin de fer touristique européen. L’association organise régulièrement la Fête de la Vapeur, une grande manifestation sur tout un week-end. D’autres trains à vapeur sont invités à venir partager les voies dde la baie de Somme et d’anciens véhicules tels que bus, tracteurs, machines-outils à vapeur sont en démonstration. Les photographes sont nombreux pour l’occasion à venir se poster le long des voies ou dans les gares !

Pour cette édition 2021, la météo n’était pas vraiment de la partie, et il fallait encore faire avec ces fichus masques sur les visages. Pour autant, les quelques éclaircies ont permit de capter de belles lumières, et c’est l’occasion pour les photographes de se remettre eux-aussi au noirs et blanc, comme à l’époque ! Alors un grand merci aux organisateurs !


[1] Chemin de Fer Touristique Baie de Somme :

Les pêcheurs du Hourdel

Rose-orangée après la cuisson, la crevette grise (Crangon crangon) mesure 5 à 7 cm, et sa couleur naturelle varie en réalité suivant le milieu où elle vit (jaune sable, verte, ou grise). On la trouve près du fond, à faible profondeur (moins de  20 mètres). Elle se nourrit la nuit et se déplace surtout à marée haute. Pour autant, elle ne s’éloigne guère de l’estuaire où elle est née [1].  Elle reste enfouie dans le sable le jour, ne laissant dépasser que ses antennes, pour se protéger des prédateurs. La crevette grise est omnivore et c’est un excellent nettoyeur des fonds marin, mais qui concentre les polluants de ce fait.

En baie de Somme, suivant les saisons, les pêcheurs attrapent la crevette grise, la sole, la limande, le turbot ou le carrelet. La crevette grise est une spécialité des pêcheurs du Hourdel, qui réalisent 5% à 10% de la production française. Ce crustacé est rapide et agile, ce qui lui vaut le surnom de « sauterelle« . Par extension, les chalutiers sont donc des « sauterelliers[2]. Ces bateaux sont relativement petits, de 9 à 12 mètres, et embarquent 1 à 3 marins pêcheurs pour une dizaine d’heures en général, parfois plus. Ils raclent le fond avec un chalut spécifique et vanté comme très sélectif. Ce type de chalut (« Devismes et Asselin », du nom de ses concepteurs) a été mis au point par un pêcheur du Crotoy afin de séparer les crevettes capturées des poissons qui sont relâchés. A l’inverse des chaluts classiques, les « gros » dont la taille est supérieure à celle d’une crevette peuvent s’échapper, mais pas les petits. C’est une pêche côtière, pratiquée dans les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche principalement, et de façon artisanale.

Pour autant, l’activité de pêche professionnelle en baie de Somme se résume aujourd’hui pour l’essentiel à quelques chalutiers amarrés dans le petit port du Hourdel.  Durant les mortes eaux, les bateaux sont contraints à aller au Tréport, faute de disposer d’assez de tirant d’eau en baie. Le petit port est alors vide de ses pêcheurs. Quelques familles font perdurer cette activité depuis plusieurs générations, mais leur nombre diminue peu à peu, faute de repreneurs. La raréfaction du poisson est la principale cause de cette désaffection. En 2018 l’Ifremer[4] a d’ailleurs publié une étude estimant que 80% du poisson a disparu en baie de Somme sur ces 30 dernières années. L’étude impute cette disparition au réchauffement des océans, particulièrement exacerbé en Baie de Somme et dans toute la partie Manche/Mer du nord. Il est en effet 4 fois plus rapide ici que dans la moyenne des océans.

C’est donc une véritable chance de pouvoir encore être témoin de cette activité traditionnelle. Voir les enfants accompagner en courant le retour des bateaux dans le chenal ou bien suivre les curieux pour assister au déchargement de la pêche sont des plaisirs simples qu’il faut savoir apprécier… Sans parler de la dégustation !


[1] Etat des lieux des pêcheries de crevettes grises dans les estuaires de la Loire et de la Vilaine, Sylvain Rocheteau, 14/9/2014, Mémoire de fin d’études, Master Sciences Agronomiques et Agroalimentaires Spécialité Sciences Halieutiques et Aquacoles :

[2] Ville de Cayeux-sur-mer : https://www.cayeux-sur-mer.fr/economie-et-developpement/peche-profesionnelle/

[4] Ifremer : Baisse de 80% de l’abondance de poissons en 30 ans en baie de Somme

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