Malgré la sécheresse et la baisse du niveau d’eau dans le marais du Crotoy, quelques observations ornithologiques étaient quand même possibles cette année. Voici donc quelques images de la vie du marais, au printemps et en début d’été. Les scènes de nourrissage des foulques macroules étaient vraiment intéressantes à observer, les parents travaillant d’arrache-pied pour trouver et remonter la nourriture pour leur nombreuse progéniture.
Chez les spatules, à cette époque les jeunes étaient déjà bien émancipés, même s’ils continuaient à harceler les adultes pour quémander de la nourriture. Les autres se toilettent mutuellement ou vont à la pêche avec une efficacité redoutable !
Parfois la vie des oiseaux est perturbée par le passage d’une vache Higland ou de quelques Henson, accompagnés de hérons garde-bœufs…
Si vous voulez savoir ce que c’est que le harcèlement, je vous conseille d’aller observer les jeunes spatules qui réclament à manger aux adultes au marais du Crotoy. Dans ce marais de la baie de Somme, on peut les voir poursuivre leur victime en hochant la tête frénétiquement et en poussant de nombreux cris. Le pauvre parent (ou pas d’ailleurs) essaie de s’éloigner de ce gêneur, à pied ou en volant plus loin, mais rien n’y fait. Le juvénile le poursuit, le presse, le prend sous son aile, tapote son bec avec le sien. Au final, l’adulte finit par le laisser enfourner son bec dans son propre gosier pour lui régurgiter de la nourriture et satisfaire sa faim.
Cette année, la météo nous a offert deux belles semaines de beau temps au printemps alors que j’étais en congés et j’ai pu en profiter pour aller faire un petit peu de photo animalière au Hâble d’Ault.
Il y eu tout d’abord ce magnifique Hiboux des marais, posé sur son poteau, et qui s’est laissé approcher à quelques mètres. Je n’ose imaginer ce que ressent la souris qui croise le regard jaune et perçant de cet oiseau… J’ai pu l’apercevoir une deuxième fois quelques jours plus tard, mais il était moins coopératif…
J’ai croisé également le coucou gris, venu chercher une grosse chenille dans un buisson près duquel j’avais posté mon affut. Le tarier pâtre que j’observais à ce moment a eu la peur de sa vie.
Il y eu également le rougequeue à front blanc, que je n’avais encore jamais rencontré. Ce petit oiseau a vraiment une magnifique livrée, très haute en couleur.
J’ai également appris à reconnaitre l’alouette des champs, que j’ai dû souvent confondre avec le pipit farlouse par le passé. Le bec est en fait plus conique, il y a parfois une petite huppe dressée sur la tête et les tâches sur le ventre ne descendent pas aussi bas que chez le pipit… J’ai pu les observer nourrir leurs petit en leur apportant tour à tour (les deux adultes participent) de pleines becquées de moustiques, larves et autres insectes. Le nid est une simple cavité au pied d’une touffe d’herbe, et les parents font très attention à ne pas se sentir observés avant de s’y rendre. La couvée est à la merci du premier chien non tenu en laisse qui passe là, ou du premier véhicule qui roule hors du chemin… Avis aux chasseurs du coin qui n’ont pas beaucoup de considération pour toute cette biodiversité.
Et puis il y avait les habituelles linottes mélodieuses, dont le mâle avec ces couleurs rouges est si photogénique. J’ai pu assister à la construction du nid dans un buisson, qui semble être de la responsabilité de la femelle, le mâle se contentant de l’accompagner. J’ai également pu voir une très brève scène d’accouplement. Les linotes semblent par ailleurs se régaler des lichens et autres plantes grasses qu’elles trouvent sur les pelouses graveleuses du hâble, se confondant parfois avec la végétation dans un étonnant mimétisme.
Les phragmites des joncs sont également bien présents sur ce site. A cette époque, les mâles chantent à tue-tête en haut des branches des buissons pour attirer les femelles. La variété des trilles qu’ils émettent est d’une richesse incroyable ! Quel répertoire ils possèdent ! Et puis dés qu’ils ont trouvé une compagne, c’est silence radio et ils retournent à leur vie discrète…
Dans les images ci-dessous, vous retrouverez par ailleurs les espèces suivantes, pour certaines emblématiques de la baie de Somme : Avocette élégante, échasse blanche, mouette mélanocéphale, pipit farlouse, bergeronnette printanière, bergeronnette grise, accenteur mouchet et petit gravelot. Bonne visite !
Voici les images réalisées lors de quelques séances d’affût près d’un nid de cigognes blanches (Ciconia ciconia – White Stork) bien accessible en bord de route, en basse vallée de la Somme, tout près de la baie de Somme. Un petit coin bien agréable car la petite route de campagne est peu fréquentée et on y est seul avec le gazouillis des oiseaux la plupart du temps. Il y a beaucoup d’attente car les oiseaux peuvent s’absenter longtemps ou bien rester quasi immobiles à sommeiller sur le nid de longs moments… Heureusement, il y a d’autres nids plus loin, trop éloignés pour les photos, mais qui permettent quand même l’observation.
Voir revenir une cigogne avec de quoi rajouter un étage au nid est la récompense de ces moments d’attente ! La construction des nids se poursuit d’année en année et ils peuvent faire 200 à 300 kg (voire beaucoup plus et finissent par s’écrouler). Madame (?) montre son contentement par des claquements de bec, la tête en arrière, et chacun y va de sa patte pour arranger les branches ou les boulettes de terre ainsi rapportées.
Il y a un peu de concurrence, j’ai pu voir ainsi un autre individu, soit en quête d’un nid, soit un mâle surnuméraire en quête d’une femelle, tenter d’aponter sur le nid occupé par « mon » couple et se faire violemment chasser !
Avec un peu de chance, on retrouve les cigognes dans les champs et pâtures avoisinantes. J’en ai ainsi observé 6 dans un champ destiné à la culture des pommes de terre, qui exploraient les sillons fraîchement creusés, parfois en ne laissant voir que leur tête…
Lors de mon dernier passage, la couvaison avait débuté, j’ai préféré ne pas risquer de déranger. Rendez-vous d’ici quelques semaines pour voir si les jeunes sont présents !
C’est en cherchant à photographier les phoques à Berck-sur-mer que j’ai croisé la route de ces jolis limicoles qu’on appelle les Tournepierre à collier. Ils viennent manger les petits crabes dans les anfractuosités des rochers et des épis, par petits groupes de 3-4 individus. Peu farouches ils peuvent se blottir au fond d’un trou pour passer inaperçus des touristes qui les frôlent…
C’est la saison des naissances au marais du Crotoy, et voici donc la progéniture d’une maman canard qui a bien travaillé. Maintenant il faut promener tout ce petit monde pour leur apprendre à manger tout seul tout en surveillant les prédateurs éventuels… Pas de tout repos, mais heureusement les piou-piou dorment beaucoup aussi…