Ault, au pied des falaises picardes

Blotti au pied des majestueuses falaises de la côte picarde, à l’extrémité sud du littoral de la Somme, Ault est une joli petit coin authentique comme on les aime. Ici, les dernières falaises crayeuses de la Manche plongent dans l’océan dans un décor saisissant, sculpté par le vent, l’eau et le temps.
Le village garde les vestiges d’une grandeur passée avec ses maisons de style villas belle époque, aux facades colorées et travaillées, ornées parfois de bow-window. Ault fût d’ailleurs candidat au titre de « plus beau village de France » il y a quelques années. Moins touristique que Mers-les-bains, on sent tout de même que Ault a du mal à entretenir tout ce patrimoine. Mais c’est justement ce côté moins touristique, famillial, que l’on aime.
Une des traditions bien ancrées à Ault, est la pêche à la crevette grise. A marée basse, il n’est pas rare de voir plusieurs dizaines de pêcheurs arriver avec leur grand filet (le haveneau) pour aller attraper les « sauterelles ». Si d’aucuns pratiquent cette pêche avec les moyens du bord, d’autres sont vraiment équipés avec un grand haveneau disposant parfois de roulettes, très large, avec un appui à l’extrêmité du manche pour pousser avec le ventre. Pendant que Monsieur pêche de quoi préparer l’apéro, madame et les enfants sont sur la plage, impatient de voir le butin !
Aujourd’hui, la commune tourne aussi son regard vers l’avenir. Sur la plage, les chars à voile ont fait leur apparition, portés par la brise marine. Cette nouvelle activité, respectueuse de l’environnement, attire les amateurs de sensations douces et offre une manière singulière de découvrir le littoral. Entre sable et écume, ces voiles colorées glissent désormais entre Ault et Cayeux, ajoutant une note dynamique à la quiétude du paysage.
Ault, à sa manière, continue de conjuguer nature, patrimoine et renouveau. Une halte simple, presque secrète, où l’on prend le temps de regarder la mer, et d’écouter le silence des falaises.
Sortie nature en Baie d’Authie avec Julie Barbier, guide nature et photographe animalière

C’est avec grand plaisir que je partage ici la sortie nature avec Julie Barbier en baie d’Authie, réalisée dans le cadre du festival de l’oiseau et de la nature.
Au nord de la Baie de Somme, la Baie d’Authie s’offre comme un condensé de nature sauvage. Moins fréquentée que sa célèbre voisine, elle n’en reste pas moins riche d’une diversité exceptionnelle. Dunes, plage, mollières, pannes humides composent ce paysage que partagent les oiseaux migrateurs, les amphibiens, ou les papillons… A proximité immédiate, ce sont de vastes bancs de sable que les phoques occupent pour se reposer et où l’on peut les observer depuis Berck-sur-mer.
En ce qui nous concerne, c’est à Fort-Mahon, côté baie, que commence notre balade menée par Julie Barbier, guide nature et photographe animalière. Dès les premiers instants, la chance est de notre côté : une cigogne se pose à quelques dizaines de mètres dans une pâture. Julie installe sa longue-vue, prête ses jumelles, et nous offre un temps d’observation paisible et instructif.
Une immersion entre dunes et prairies
Nous serpentons à travers les pannes dunaires, à la recherche des crapauds calamites et des grenouilles vertes, que Julie nous aide à repérer et à écouter. Alors qu’une petite averse s’invite, nous trouvons un abri sous les abriseaux présents en bordure du chemin. Profitant de cette pause, Julie évoque sa passion : la photographie animalière. Elle raconte ses heures d’affût et toute la patience nécessaire pour observer le blaireau, le « petit ours », les moments d’émotions lors des rencontres avec les cerfs et partage avec simplicité les coulisses de son travail. Actuellement, une sélection de ses clichés est exposée en plein air sur les quais de Saint-Valery-sur-Somme, offrant un regard sensible sur la faune picarde.
Une nature qui renaît avec le soleil
Le ciel s’éclaircit. Nous reprenons notre chemin à travers les dunes, où la végétation recommence à verdir. Julie attire notre attention sur les passereaux, dont les chants nous accompagnent, et sur les plantes typiques de ce milieu.
Au sommet d’une dernière montée, nous découvrons un panorama saisissant : la plage s’étire devant nous, baignée d’une lumière magnifique, sous un ciel encore chargé de nuages qui s’éloignent. C’est ici que Julie perpétue une tradition bien à elle : une photo de groupe pour immortaliser ce moment partagé.
L’appel du large et le retour par les mollières
La descente nous mène sur la plage, où nous prenons le temps d’observer quelques spatules blanches, gravelots et autres limicoles, en quête de nourriture ou déjà installés pour la reproduction. Le site est sensible et notre guide est attentive à la protection des espèces qui nichent ici. Au loin un groupe de cavaliers évolue sur la plage, ajoutant une touche de vie dans le paysage minéral. Puis, le retour se fait tranquillement par les mollières, ces prés salés que la mer recouvre parfois, riches en biodiversité.
Une sortie nature entre transmission et observation
Faire une sortie nature en Baie d’Authie avec Julie Barbier, c’est s’offrir un moment hors du temps, entre observation, découverte et sensibilité artistique. Son double regard de guide naturaliste et de photographe animalière apporte une profondeur rare à l’expérience. À chaque pas, la nature dévoile un peu de sa richesse, et l’on repart avec le sentiment d’avoir mieux compris – et respecté – ce territoire discret et précieux.
Pour contacter Julie, réserver une sortie nature, un stage photo, une scéance photo avec votre animal domestique, ou découvrir ses photos, rendez-vous sur son site internet : https://www.jbarbierphoto.com/
Ciel d’orage sur le Crotoy

La baie de Somme offre parfois des lumières incroyables, et c’était le cas ce soir là au Crotoy alors que le soleil se couchait. D’énormes nuages étaient éclairés par en dessous et Saint-Valery restait éclairé, pour une ambiance exceptionnelle. J’étais bien content d’avoir pris l’appareil photo avec moi pour aller manger une moules-frites sur le port !
Le Bois du Rompval

Cette année j’ai eu le plaisir de pouvoir participer à la seule et unique visite annuelle du bois du Rompval, sur les falaises entre Mers-les bains et le bois de Cise. Le site est habituellement fermé au public et c’est la seule occasion offerte d’y pénétrer et de le découvrir, uniquement sur inscription.
Tout d’abord, commençons par une petite précision sur l’origine du nom de ce bois. Le « Rompval », c’est cet endroit où la falaise coupe le petit vallon en haut du plateau calcaire (le « val est rompu ») et qui a donné son nom au bois.
A l’origine la forêt couvrait tout le haut des falaises, da Ault à Mers-les bains, mais on sait que déjà au 17ème siècle il ne restait plus que le bois du Rompval et le bois de Cise. Le bois du Rompval couvre aujourd’hui une superficie de 55 ha environ. Il fut longtemps la propriété d’une famille qui ne l’utilisait que pour la chasse à la bécasse, sans exploiter le bois. Aujourd’hui le bois du Rompval appartient au Conservatoire du Littoral, avec une délégation de gestion au Syndicat Mixte de la Baie de Somme.
La situation du bois du Rompval, entre terrre et mer et en haut des falaises, ainsi que le fait que le bois n’ait pas été exploité depuis de nombreuses années, en font un un site remarquable pour la biodiversité. Ici les sols ne sont pas tassés par les engins très lourds de l’ONF, ce qui permet aux fleurs printannières de s’épanouir. C’est ainsi un des rares endroits de la région où les jonquilles sont présentes en début de printemps. La proximité du trait de côte, marquée par les attaques du vent et des embruns salés, produit également le phénomène dit « d’anémomorphose » : la forme des arbres les plus proches du bord de la falaise est sculptée par les intempéries, les troncs et les branches sont courbés et comme torturés et allongés par le vent, avec des pousses nécrosées par les embruns. Ces premiers arbres sont ainsi sacrifiés par la nature pour protéger le reste du bois plus éloigné de la falaise, qui retrouve une apparence plus classique, avec comme essences principales le hêtre, le chêne, le charme…

Soixante-dix (70) espèces d’oiseaux ont été recencées ici, et le bois abrite également des renards, blaireaux, chevreuils, et quelques sangliers. C’est egalement une des dernières stations connues d’un papillon en voie d’extinction dans les Hauts-de-France. La fermeture du site au public, permet de ne pas déranger les espèces qui vivent ici. Pour la flore, on trouve la Parisette à quatre feuilles – Paris quadrifolia (et à 5 feuilles aussi !), le fragon (Ruscus aculeatus L.) petit abuste mi-houx, mi-buis, et d’autres plantes rares dans les Hauts-de-France. Au printemps, le sol est couvert de jacinthes sauvages (Hyacinthoides non-scripta), d’ail des ours en fleurs (Allium ursinum), de stellaires des bois (Stellaria nemorum) et parsemé de Lamier jaune (Lamium galeobdolon) ou de Bugle rampant (Ajuga reptans). Une compétition pour la lumière s’installe, avec les fleurs au sol qui apparaissent les premières, puis les arbustes tels que le noisetier qui font leurs feuilles à l’étage supérieur, et enfin les grands arbres qui vont finalement faire leur feuillage et capter l’essentiel de la lumière du jour.

Pour préserver cet ilôt de biodiversité, le syndicat mixte a fait le choix de laisser le bois en libre évolution, en intervenant le moins possible en dehors des deux allées principales. C’est en partie pour cette raison que l’accès au public est interdit. Le bois mort n’est pas ramassé, avec de nombreuses branches brisées qui restent en équilibre précaire dans les hauteurs et peuvent chuter à tout moment. Le bois n’a pas non plus été complétement déminé après guerre et il reste encore des obus non explosés, les trous de bombes de-ci, de-là le confirment. Enfin il convient de ne pas piétiner les sol pour préserver la flore. Ici on ne vient qu’une fois par an et on marche en file indienne !
La promenade se poursuit dans le prè aux anglais, pâture située au coeur du bois, qui servit de camp de base aux anglais lors de la guerre de 100 ans et lors de la première guerre mondiale. Lorsque les premiers chars d’assaut furent déployés en 14-18, c’est ici que les soldats apprenaient à piloter ces engins. C’est un autre écosystème où l’homme est bien présent (surtout les vaches en fait !), qui n’est pas exempt de traitements phytosanitaires de la part de l’agriculteur exploitant car il n’est pas encore géré par le syndicat mixte, mais qui recèle néanmoins plusieurs espèces rares parmi les herbacées présentes, notamment en entrée de pâture.
La balade s’achève sur le bord de la falaise, où poussent les orchidées sauvages, et qui est un « spot » connu pour observer la migration des passereaux qui suivent le trait de côte pour se déplacer. Notre guide nous signale ainsi un passage de 13 000 Pipit Farlouses en une journée, peu de temps avant notre venue !
Enfin, car tout à une fin, on goûte à nouveau aux belles allées fleuries sur le chemin du retour, avant de quitter ce lieu enchanteur. La visite est organisée tous les ans au printemps, je vous la recommande vivement ! Il faut guetter les annonces du syndicat Mixte Baie de Somme lorsque les jacinthes sauvages sont en fleurs !
Grande marée d’équinoxe en baie de Somme
Les grandes marées d’équinoxe en baie de Somme offrent un spectacle naturel saisissant, où l’eau envahit les mollières, les huttes flottantes remontent avec la marée, et les oiseaux se déplacent vers le fond de la baie. Ce phénomène, marqué par une vitesse impressionnante et un marnage important, attire chaque année de nombreux visiteurs.

Les grandes marées d’équinoxe sont un événement naturel fascinant qui se produit lorsque le Soleil, la Lune et la Terre s’alignent. Ce phénomène est particulièrement visible lors des équinoxes de printemps et d’automne. En baie de Somme, ces marées se caractérisent par un marnage important, c’est-à-dire une grande différence de niveau entre la marée haute et la marée basse.
La vitesse à laquelle la mer arrive est impressionnante, il suffit de se placer à la pointe du Hourdel pour voir la force du flot qui incline les bouées à 45°. Lors des grandes marées, le coefficient de marée, qui mesure l’amplitude de la marée, atteint des valeurs supérieures à 110, le maximume étant de 120. Plus ce coefficient est élevé, plus le marnage est important. En baie de Somme, ce marnage peut atteindre jusqu’à 10 mètres.
Les mollières sont ces zones humides typiques de la baie de Somme, souvent recouvertes par la mer lors des grandes marées. Ces zones sont essentielles pour la biodiversité locale, offrant un habitat à de nombreuses espèces végétales et animales. Lors des grandes marées, l’eau envahit ces mollières, créant un paysage changeant et dynamique.
C’est aussi l’occasion de mesurer combien les huttes flottantes utilisées pour la chasse sont nombreuses dans la baie puisqu’elles remontent à cette occasion. Ca donne une idée du nombre d’oiseaux tués chaque année juste pour s’amuser par les chasseurs.
La baie de Somme est néanmoins un site majeur pour l’observation des oiseaux migrateurs. Lors des grandes marées, les oiseaux se déplacent vers le fond de la baie, suivantl’avancée des eaux. Ce mouvement offre une opportunité unique pour les observateurs de voir de grands vols groupés de courlis ou d’huitriers-pies.
Prendre un peu de hauteur avec le drone permet de bien appréhender le phénomène et de voir les paysages se transformer, ici au Hourdel et au Crotoy. On arrive ainsi à mieux imaginer que le Crotoy fut autrefois une île et le Hourdel un port depêche bien plus important !
Conseils pour Observer les Grandes Marées
- Consultez les Horaires des Marées : Il est essentiel de vérifier les horaires des marées pour planifier votre visite et éviter de vous faire surprendre par la remontée des eaux.
- Équipement Adéquat : Prévoyez des bottes ou des chaussures imperméables pour marcher sur les zones humides et des vêtements chauds, car le vent peut être frais.
- Respectez l’Environnement : La baie de Somme est un parc naturel, il est donc important de respecter la faune et la flore et de ne laisser aucun déchet derrière soi.
Clair de lune en Baie de Somme au Hourdel

La baie de Somme offre chaque jour un spectacle renouvelé, et ce matin, c’est au Hourdel que je me rends pour une session photo. À mon arrivée auprès du célèbre blockhaus penché, le soleil n’est pas encore levé. L’ambiance est particulière, teintée d’une lumière rose qui enveloppe peu à peu le paysage.
Déjà il a fallu gratter la voiture avant de partir, mais ici, il faut faire face en plus à un vent fort et glacial qui balaie la baie. Immédiatement, je regrette d’avoir quitté mon lit chaud et douillet si tôt ! Le froid est mordant, et je suis littéralement frigorifié.
Capturer l’instant malgré le vent
J’hésite à faire voler le drone, d’abord à cause du vent fort qui rend les manouvres de décollage et d’atterrissage assez risquées pour le matériel, mais aussi parce que çà oblige à rester immobile sur un endroit dégagé afin que le signal de commande porte bien. Je me décide quand même et c’est l’occasion d’imortaliser ce clair de lune sur la baie entièrement vidée de son eau par la marée basse. Les reliefs et les graphismes du fond marin se révèlent dans une harmonie de couleurs et de textures, offrant un tableau naturel d’une finesse remarquable.
Quelques minutes encore et les premières lueurs du soleil teintent l’horizon. La beauté du moment contraste avec la température glaciale qui me pousse à ranger mon matériel. Le froid me fait rejoindre mon automobile comme chantait Nougaro !