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Mers-les-bains, ses villas et son histoire

Pendant des siècles les bords de mer n’étaient fréquentés que par les pêcheurs ou les douaniers. S’y baigner et poser sa serviette sur la plage aurait alors paru une idée bien saugrenue… Lancés au XVIIème siècle en Angleterre, les bains de mer sont à l’origine une pratique médicale. Il s’agit alors seulement de remplir des baignoires d’eau de mer, chauffée ou non [1].  La faculté de médecine de l’époque préconisait même des bains d’une durée de 13 minutes pour soigner la folie, les maladies de peau ou encore la rage… [2]. Au XIVème siècle, à Brighton (UK), des établissement luxueux et confortables accueillent les patients alors que la France est à la traine. En 1822, les élus de Dieppe décident cependant de doter la ville d’un établissement digne de concurrencer les Anglais. Ils innovent en proposant le bain « à la lame », la pente douce de la plage permettant de plonger les baigneurs directement dans la mer et non plus dans des baignoires, afin de bénéficier de l’hydromassage des vagues.

C’est la Duchesse de Berry qui popularise cette pratique auprès de la cour et de la bourgeoisie française en se rendant chaque année dans l’établissement de bains de Dieppe. La jeune princesse est alors veuve et enceinte. Son mari le Duc de Berry était promis au plus brillant avenir sous la Restauration, mais il a été assassiné pratiquement sous ses yeux devant l’Opéra en 1820. La santé de la princesse fut altérée par ce drame et elle se vit conseiller les bains de mer pour se rétablir. Elle fréquenta l’établissement à partir de 1824 et sembla se porter mieux puisqu’elle y revint 5 années de suite. Les bienfaits de l’eau et du grand air, sont alors plébiscités par les médecins hygiénistes. La tonicité de ces bains froids convient bien aux jeunes femmes anémiées et mélancoliques… La saison des bains de mer s’étendait de Juin à Septembre, mais c’est vraiment au mois d’Août, avec l’arrivée de la Duchesse, que la fête battait son plein avec moult spectacles, bals et concerts…

Peu à peu, les bains de mer perdent leur caractère médical et en 1948, l’arrivée du train démocratise encore plus cette pratique. On peut ainsi lire dans Le Figaro du 27 août 1857 que « Les chemins de fer ont si bien fait, en mettant à quelques heures de Paris les plages qui en étaient autrefois éloignées de plusieurs journées, que tout le monde, ou à peu près, se passe la fantaisie des bains de mer. Les côtes de Normandie sont si près, leurs falaises si belles, leurs plages si invitantes, les trains de plaisir à si bon compte, qu’il n’est si mince bourgeois dans une minute de gaieté, qui ne se décide, une fois par saison, à se mettre quelques louis en poche pour aller voir si c’est de sable ou de galet que se composent les rives tour à tour envahies et délaissées par le flux et le reflux de l’Océan ».

La mode se répand alors sur les côtes françaises, mais il n’y a encore que peu de baigneurs sur la côte Picarde. Il faut attendre 1872 pour que Mers bénéficie de la construction d’une gare et que le chemin de fer réduise le temps de transport et les coûts.

A trois heures de Paris, le petit village de Mers devient la station Balnéaire de Mers-les-bains. Le front de mer est beau avec ses falaises, ses galets et sa plage de sable découverte à marée basse. Il y a de la place pour construire et l’aristocratie et la bourgeoisie de l’époque bâtit alors les belles villas que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Il n’y avait pas de congés payés alors, et seules les classes aisées parisienne, amiénoise, et du Nord pouvaient financer ces villégiatures. Chacun des propriétaires affirme ainsi son rang social et ce sont les premières résidences secondaires de notre monde actuel. Près de 600 villas Belle Epoque sont érigées, avec des styles et des influences variés (Anglo-normand, Flamand, Picard, Mauresque, Renaissance, Louis XIII, Napoléon III, années 30…), dans un mélange pourtant harmonieux. De nombreuses décorations sont présentes sous formes de briques ou de carrelages émaillés, de céramiques, de faïences, de mosaïques, de frise… [3]. Afin de permettre au plus grand nombre de profiter de la vue sur la mer, les villas sont hautes de 2 ou 3 étages et étroites. Les balcons en bois sont travaillés et décorés, on note des oriels et des bow-windows, les toits pointus… Les couleurs sont vives et variées, la rue principale le long de l’esplanade semble ainsi multicolore. Au soleil couchant, les façades sont éclairées par la lumière chaude, le spectacle est superbe. Pour peu que la marée soit descendante, le camaïeu de couleurs se reflète sur le sable mouillé, pour le plus grand plaisir des photographes depuis la plage. Le quartier balnéaire Mersois est aujourd’hui classé « Site Patrimonial Remarquable » et bénéficie à ce titre de moyens de conservation et de restauration. Certaines de ces villas sont habitées à l’année mais d’autres ont gardé leur statut de résidence secondaire.

Chaque 4ème week-end de Juillet, la ville de Mers-les bain organise la fête des baigneurs pour faire revivre la « Belle époque » le temps d’un week-end. Cette période s’étend de la fin du XIXème siècle à la première guerre mondiale en 1914.   Ce terme de « Belle époque » évoque aujourd’hui encore la nostalgie d’un monde insouciant, gai, ayant foi dans le progrès, avec de nombreuses avancées technologiques, sociales, économiques et politiques en France.

C’est en effet l’avènement de l’électricité, de la radio, de la bicyclette, de l’automobile et du train… La création artistique et littéraire est foisonnante avec des auteurs comme Baudelaire, Hugo ou Zola, le cinéma des frères Lumière, les peintres impressionnistes puis le fauvisme et le cubisme, la sculpture avec Rodin… La classe ouvrière d’alors en profite peu, mais dans l’aristocratie et la bourgeoisie, les femmes connaissent une certaine émancipation. Elles accèdent aux études, deviennent enseignantes ou journalistes… Certaines s’engagent en politique pour obtenir le droit de vote. Marie Curie obtient la reconnaissance des scientifiques encore essentiellement masculins…

La fête des baigneurs permet de voir les costumes d’époque sur les gens qui déambulent dans les rues et de se costumer soi-même.  Il y a de vieilles voitures et un vieux train à vapeur, les personnes costumées défilent et un concours du plus beau costume est organisé. Et comme les années folles sont assez proches, il est possible de s’initier à la danse du Charleston. De quoi s’offrir un voyage dans le temps en famille !


Arméries maritimes en fleurs sur la côte d’Opale

Voici une série de photographies réalisées sur le site des deux caps, sur la côte d’Opale. Plus précisément, en suivant le chemin de grandes randonnées GR 120 vers le sud, entre le Cap Gris-Nez et le Cran-aux-Œufs, ce hameau niché dans la falaise. Le Cap Gris-Nez est un site classé, et du haut de ses falaises qui culminent à 50 m, on a un superbe panorama du Cap blanc-Nez à Boulogne-sur-Mer. C’est ici que le détroit est le plus étroit avec 28 km de large, et les côtes anglaises sont bien visibles par beau temps.

Le chemin part au pied du phare, où siège le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS). C’est lui qui gère le trafic maritime dans le détroit du Pas-de-Calais.  Avec 500 bateaux par jour (200 000/an), c’est le détroit le plus fréquenté au monde. Le rail montant, près des côtes françaises, est pour les bateaux allant vers le nord. Le rail descendant est emprunté pour aller vers le sud le long des côtes anglaises. Avec les courants et les brouillards fréquents, les risques de collisions entre les énormes portes-containers sont réels, alors que nombre d’entre eux transportent des matières dangereuses. D’autant que chalutiers et ferry traversent la manche en permanence dans l’autre sens également. La mission du CROSS est donc primordiale pour protéger les vies, et l’environnement du site.

Le Cap Gris-Nez est en effet un haut lieu de migration pour les oiseaux, bien connu des ornithologues qui viennent y recenser les différentes espèces migratoires. En bas des falaises composées de gros blocs de grès et de marnes, vous pourrez aussi apercevoir les phoques ! Les habitats naturels rares autour du site abritent par ailleurs une riche biodiversité faunistique et floristique.

Après avoir salué les moutons boulonnais qui broutent tranquillement, il faut donc descendre l’escalier au pied du phare. Le GR 120 est bien aménagé, il reste cependant quelques passages un peu plus scabreux pour les personnes ayant du mal à marcher.

Le bord des falaises est constitué de pelouses aérohalines. C’est ce terme qui désigne les milieux constitués de formations végétales rases dominées par les graminées, surtout présentes sur les côtes exposées aux vents dominants. Les espèces qui s’y développent présentent des adaptations leur permettant de résister aux aspersions d’embruns salés.

On y retrouve notamment l’Armérie maritime (Armeria maritima), communément appelée le Gazon d’Espagne… C’est au printemps que ces petites fleurs roses viennent embellir tout le site de leurs touches de couleur. Chaque creux, chaque tournant du chemin, offrent une nouvelle perspective sur la côte fleurie avec parfois de véritables tapis de fleurs… La météo n’a pas été particulièrement clémente cette année pendant la période de floraison. J’ai quand même réussi à profiter de quelques éclaircies, voici donc les images que j’ai pu réaliser. Les autres photos sont dans la galerie.

Images de la Baie de Somme

Voici un petit pêlemêle de photographies prises au printemps en baie de Somme. La promenade commence sur les quais de Saint-Valery. A l’aube, les levers de soleil toujours aussi beaux. La brume matinale diffuse la lumière orangée du soleil levant et l’eau reflète le ciel magnifique. Quelques barques ondulent sur l’eau calme, juste bercées par le courant dans le chenal.

Le lendemain, c’est au Hourdel que je profite du soleil levant, le ciel plus chargé se découvre peu à peu pour permettre la photo ci-dessus, avec le chalutier amarré à l’entrée du port. Quelques jours plus tard, c’est la drague verte bien connue des habitués du lieu qui a pris sa place. A la pointe du cordon de galets, les spatules blanches sont réunies comme à leur habitude. Elles explorent les eaux peu profondes à la recherche des crabes et des crevettes.

Au cap Hornu, c’est le printemps ! Après un grand bonjour aux amateurs de pirogue indonésiennes (Va’a) qui passent dans le chenal, je me dirige vers la chapelle des marins. Le chemin qui grimpe le côte pour accéder au point de vue est bordé d’arbres fruitiers en fleurs, c’est très joli. Je découvre également avec plaisir un nouveau point de vue sur la chapelle car la haie qui la masquait a été taillée.

Enfin je tente ma chance un soir, malgré une météo assez imprévisible. A Cayeux un grain approche, je fais quelques images avant de filer sur le Crotoy plus dégagé. La lumière filtrée par les nuages est superbe et laisse deviner les rayons du soleil. Un Tamaris de belle taille colore la dune, il sera mon sujet et mon modèle pour la soirée !

Le chemin des planches à Cayeux-sur-mer

Le chemin des planches à Cayeux-sur-mer s’étend sur 1.8 km le long du cordon de galets, ce qui en fait parait-il le plus long d’Europe. Il est installé par la mairie à chaque printemps et remisé en fin de saison estivale, avant les premières tempêtes. Le chemin des planches est bordé de près de 400 cabines de plages qui font tout le charme de cette destination. Traditionnellement blanches et vertes, les cabines ont été en partie repeintes cette année avec beaucoup de goût. Cette palette de couleurs bien plus riche et harmonieuse, qui fait déjà le bonheur des photographes.

Au soleil couchant, c’est un rendez-vous incontournable alors que les cabines sont baignées d’une belle lumière dorée. Faites la promenade en lisant les noms donnés à chacune de ses cabanes, c’est plein de poésie et d’humour… De cet endroit, vous pouvez rejoindre les falaises et le hâble au sud. Au nord, c’est le phare de Brighton et la route blanche vers le Hourdel et la baie de Somme avec une agréable promenade à vélo..

Pour la petite histoire, ces cabines sont apparues à la fin du XIXème siècle, à la « belle époque« , avant la première guerre mondiale. La bourgeoisie découvre la mode des bains de mer et le développement du chemin de fer permet aux premiers touristes de venir profiter des côtes. Les cabines de plages sont alors utilisées pour permettre aux dames de se changer. Elles remplacent les toiles de tentes initialement utilisées. Les premières avaient même des roues pour être amenées au plus près de l’eau.

Elles appartiennent aujourd’hui en grande partie à des propriétaires privés mais sont recensées à l’inventaire général du patrimoine culturel. Leur installation est soumise à un cahier des charges strict, il est interdit d’y faire commerce, d’y dormir, ou d’allumer un barbecue (Source) . Depuis cette année, un bar de plage est ouvert avec une architecture dans le style des cabines, et propose des animations aux vacanciers en accueillant des petits concerts notamment.

Un printemps au Hâble d’Ault

Cette année, la météo nous a offert deux belles semaines de beau temps au printemps alors que j’étais en congés et j’ai pu en profiter pour aller faire un petit peu de photo animalière au Hâble d’Ault.

Il y eu tout d’abord ce magnifique Hiboux des marais, posé sur son poteau, et qui s’est laissé approcher à quelques mètres. Je n’ose imaginer ce que ressent la souris qui croise le regard jaune et perçant de cet oiseau… J’ai pu l’apercevoir une deuxième fois quelques jours plus tard, mais il était moins coopératif…

J’ai croisé également le coucou gris, venu chercher une grosse chenille dans un buisson près duquel j’avais posté mon affut. Le tarier pâtre que j’observais à ce moment a eu la peur de sa vie.

Il y eu également le rougequeue à front blanc, que je n’avais encore jamais rencontré. Ce petit oiseau a vraiment une magnifique livrée, très haute en couleur.

J’ai également appris à reconnaitre l’alouette des champs, que j’ai dû souvent confondre avec le pipit farlouse par le passé. Le bec est en fait plus conique, il y a parfois une petite huppe dressée sur la tête et les tâches sur le ventre ne descendent pas aussi bas que chez le pipit… J’ai pu les observer nourrir leurs petit en leur apportant tour à tour (les deux adultes participent) de pleines becquées de moustiques, larves et autres insectes. Le nid est une simple cavité au pied d’une touffe d’herbe, et les parents font très attention à ne pas se sentir observés avant de s’y rendre. La couvée est à la merci du premier chien non tenu en laisse qui passe là, ou du premier véhicule qui roule hors du chemin… Avis aux chasseurs du coin qui n’ont pas beaucoup de considération pour toute cette biodiversité.

Et puis il y avait les habituelles linottes mélodieuses, dont le mâle avec ces couleurs rouges est si photogénique. J’ai pu assister à la construction du nid dans un buisson, qui semble être de la responsabilité de la femelle, le mâle se contentant de l’accompagner. J’ai également pu voir une très brève scène d’accouplement. Les linotes semblent par ailleurs se régaler des lichens et autres plantes grasses qu’elles trouvent sur les pelouses graveleuses du hâble, se confondant parfois avec la végétation dans un étonnant mimétisme.

Les phragmites des joncs sont également bien présents sur ce site. A cette époque, les mâles chantent à tue-tête en haut des branches des buissons pour attirer les femelles. La variété des trilles qu’ils émettent est d’une richesse incroyable ! Quel répertoire ils possèdent ! Et puis dés qu’ils ont trouvé une compagne, c’est silence radio et ils retournent à leur vie discrète…

Dans les images ci-dessous, vous retrouverez par ailleurs les espèces suivantes, pour certaines emblématiques de la baie de Somme : Avocette élégante, échasse blanche, mouette mélanocéphale, pipit farlouse, bergeronnette printanière, bergeronnette grise, accenteur mouchet et petit gravelot. Bonne visite !

En longeant les pâtures…

Ils accompagnent la plupart de mes sorties photos et pourtant il est bien rare que je leur consacre toute l’attention qu’ils méritent. Pour me rattraper, voici donc une galerie dédiée aux animaux de ferme croisés dans les pâtures. Vous y trouverez une série sur les ânes près de Cayeux-sur-mer, avec des ânes commun et des baudets du Poitou, quelques poneys fjord croisés au hâble d’Ault également. J’ajoute les vaches Highland et tout particulièrement leurs veaux si photogéniques, ainsi que les Salers aux longues cornes. Et pour l’anecdote, un group de sangliers qui a traversé la route près de moi un matin.

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