Month: juin 2021

Arméries maritimes en fleurs sur la côte d’Opale

Voici une série de photographies réalisées sur le site des deux caps, sur la côte d’Opale. Plus précisément, en suivant le chemin de grandes randonnées GR 120 vers le sud, entre le Cap Gris-Nez et le Cran-aux-Œufs, ce hameau niché dans la falaise. Le Cap Gris-Nez est un site classé, et du haut de ses falaises qui culminent à 50 m, on a un superbe panorama du Cap blanc-Nez à Boulogne-sur-Mer. C’est ici que le détroit est le plus étroit avec 28 km de large, et les côtes anglaises sont bien visibles par beau temps.

Le chemin part au pied du phare, où siège le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS). C’est lui qui gère le trafic maritime dans le détroit du Pas-de-Calais.  Avec 500 bateaux par jour (200 000/an), c’est le détroit le plus fréquenté au monde. Le rail montant, près des côtes françaises, est pour les bateaux allant vers le nord. Le rail descendant est emprunté pour aller vers le sud le long des côtes anglaises. Avec les courants et les brouillards fréquents, les risques de collisions entre les énormes portes-containers sont réels, alors que nombre d’entre eux transportent des matières dangereuses. D’autant que chalutiers et ferry traversent la manche en permanence dans l’autre sens également. La mission du CROSS est donc primordiale pour protéger les vies, et l’environnement du site.

Le Cap Gris-Nez est en effet un haut lieu de migration pour les oiseaux, bien connu des ornithologues qui viennent y recenser les différentes espèces migratoires. En bas des falaises composées de gros blocs de grès et de marnes, vous pourrez aussi apercevoir les phoques ! Les habitats naturels rares autour du site abritent par ailleurs une riche biodiversité faunistique et floristique.

Après avoir salué les moutons boulonnais qui broutent tranquillement, il faut donc descendre l’escalier au pied du phare. Le GR 120 est bien aménagé, il reste cependant quelques passages un peu plus scabreux pour les personnes ayant du mal à marcher.

Le bord des falaises est constitué de pelouses aérohalines. C’est ce terme qui désigne les milieux constitués de formations végétales rases dominées par les graminées, surtout présentes sur les côtes exposées aux vents dominants. Les espèces qui s’y développent présentent des adaptations leur permettant de résister aux aspersions d’embruns salés.

On y retrouve notamment l’Armérie maritime (Armeria maritima), communément appelée le Gazon d’Espagne… C’est au printemps que ces petites fleurs roses viennent embellir tout le site de leurs touches de couleur. Chaque creux, chaque tournant du chemin, offrent une nouvelle perspective sur la côte fleurie avec parfois de véritables tapis de fleurs… La météo n’a pas été particulièrement clémente cette année pendant la période de floraison. J’ai quand même réussi à profiter de quelques éclaircies, voici donc les images que j’ai pu réaliser. Les autres photos sont dans la galerie.

Images de la Baie de Somme

Voici un petit pêlemêle de photographies prises au printemps en baie de Somme. La promenade commence sur les quais de Saint-Valery. A l’aube, les levers de soleil toujours aussi beaux. La brume matinale diffuse la lumière orangée du soleil levant et l’eau reflète le ciel magnifique. Quelques barques ondulent sur l’eau calme, juste bercées par le courant dans le chenal.

Le lendemain, c’est au Hourdel que je profite du soleil levant, le ciel plus chargé se découvre peu à peu pour permettre la photo ci-dessus, avec le chalutier amarré à l’entrée du port. Quelques jours plus tard, c’est la drague verte bien connue des habitués du lieu qui a pris sa place. A la pointe du cordon de galets, les spatules blanches sont réunies comme à leur habitude. Elles explorent les eaux peu profondes à la recherche des crabes et des crevettes.

Au cap Hornu, c’est le printemps ! Après un grand bonjour aux amateurs de pirogue indonésiennes (Va’a) qui passent dans le chenal, je me dirige vers la chapelle des marins. Le chemin qui grimpe le côte pour accéder au point de vue est bordé d’arbres fruitiers en fleurs, c’est très joli. Je découvre également avec plaisir un nouveau point de vue sur la chapelle car la haie qui la masquait a été taillée.

Enfin je tente ma chance un soir, malgré une météo assez imprévisible. A Cayeux un grain approche, je fais quelques images avant de filer sur le Crotoy plus dégagé. La lumière filtrée par les nuages est superbe et laisse deviner les rayons du soleil. Un Tamaris de belle taille colore la dune, il sera mon sujet et mon modèle pour la soirée !

Le chemin des planches à Cayeux-sur-mer

Le chemin des planches à Cayeux-sur-mer s’étend sur 1.8 km le long du cordon de galets, ce qui en fait parait-il le plus long d’Europe. Il est installé par la mairie à chaque printemps et remisé en fin de saison estivale, avant les premières tempêtes. Le chemin des planches est bordé de près de 400 cabines de plages qui font tout le charme de cette destination. Traditionnellement blanches et vertes, les cabines ont été en partie repeintes cette année avec beaucoup de goût. Cette palette de couleurs bien plus riche et harmonieuse, qui fait déjà le bonheur des photographes.

Au soleil couchant, c’est un rendez-vous incontournable alors que les cabines sont baignées d’une belle lumière dorée. Faites la promenade en lisant les noms donnés à chacune de ses cabanes, c’est plein de poésie et d’humour… De cet endroit, vous pouvez rejoindre les falaises et le hâble au sud. Au nord, c’est le phare de Brighton et la route blanche vers le Hourdel et la baie de Somme avec une agréable promenade à vélo..

Pour la petite histoire, ces cabines sont apparues à la fin du XIXème siècle, à la « belle époque« , avant la première guerre mondiale. La bourgeoisie découvre la mode des bains de mer et le développement du chemin de fer permet aux premiers touristes de venir profiter des côtes. Les cabines de plages sont alors utilisées pour permettre aux dames de se changer. Elles remplacent les toiles de tentes initialement utilisées. Les premières avaient même des roues pour être amenées au plus près de l’eau.

Elles appartiennent aujourd’hui en grande partie à des propriétaires privés mais sont recensées à l’inventaire général du patrimoine culturel. Leur installation est soumise à un cahier des charges strict, il est interdit d’y faire commerce, d’y dormir, ou d’allumer un barbecue (Source) . Depuis cette année, un bar de plage est ouvert avec une architecture dans le style des cabines, et propose des animations aux vacanciers en accueillant des petits concerts notamment.

Un printemps au Hâble d’Ault

Cette année, la météo nous a offert deux belles semaines de beau temps au printemps alors que j’étais en congés et j’ai pu en profiter pour aller faire un petit peu de photo animalière au Hâble d’Ault.

Il y eu tout d’abord ce magnifique Hiboux des marais, posé sur son poteau, et qui s’est laissé approcher à quelques mètres. Je n’ose imaginer ce que ressent la souris qui croise le regard jaune et perçant de cet oiseau… J’ai pu l’apercevoir une deuxième fois quelques jours plus tard, mais il était moins coopératif…

J’ai croisé également le coucou gris, venu chercher une grosse chenille dans un buisson près duquel j’avais posté mon affut. Le tarier pâtre que j’observais à ce moment a eu la peur de sa vie.

Il y eu également le rougequeue à front blanc, que je n’avais encore jamais rencontré. Ce petit oiseau a vraiment une magnifique livrée, très haute en couleur.

J’ai également appris à reconnaitre l’alouette des champs, que j’ai dû souvent confondre avec le pipit farlouse par le passé. Le bec est en fait plus conique, il y a parfois une petite huppe dressée sur la tête et les tâches sur le ventre ne descendent pas aussi bas que chez le pipit… J’ai pu les observer nourrir leurs petit en leur apportant tour à tour (les deux adultes participent) de pleines becquées de moustiques, larves et autres insectes. Le nid est une simple cavité au pied d’une touffe d’herbe, et les parents font très attention à ne pas se sentir observés avant de s’y rendre. La couvée est à la merci du premier chien non tenu en laisse qui passe là, ou du premier véhicule qui roule hors du chemin… Avis aux chasseurs du coin qui n’ont pas beaucoup de considération pour toute cette biodiversité.

Et puis il y avait les habituelles linottes mélodieuses, dont le mâle avec ces couleurs rouges est si photogénique. J’ai pu assister à la construction du nid dans un buisson, qui semble être de la responsabilité de la femelle, le mâle se contentant de l’accompagner. J’ai également pu voir une très brève scène d’accouplement. Les linotes semblent par ailleurs se régaler des lichens et autres plantes grasses qu’elles trouvent sur les pelouses graveleuses du hâble, se confondant parfois avec la végétation dans un étonnant mimétisme.

Les phragmites des joncs sont également bien présents sur ce site. A cette époque, les mâles chantent à tue-tête en haut des branches des buissons pour attirer les femelles. La variété des trilles qu’ils émettent est d’une richesse incroyable ! Quel répertoire ils possèdent ! Et puis dés qu’ils ont trouvé une compagne, c’est silence radio et ils retournent à leur vie discrète…

Dans les images ci-dessous, vous retrouverez par ailleurs les espèces suivantes, pour certaines emblématiques de la baie de Somme : Avocette élégante, échasse blanche, mouette mélanocéphale, pipit farlouse, bergeronnette printanière, bergeronnette grise, accenteur mouchet et petit gravelot. Bonne visite !

En longeant les pâtures…

Ils accompagnent la plupart de mes sorties photos et pourtant il est bien rare que je leur consacre toute l’attention qu’ils méritent. Pour me rattraper, voici donc une galerie dédiée aux animaux de ferme croisés dans les pâtures. Vous y trouverez une série sur les ânes près de Cayeux-sur-mer, avec des ânes commun et des baudets du Poitou, quelques poneys fjord croisés au hâble d’Ault également. J’ajoute les vaches Highland et tout particulièrement leurs veaux si photogéniques, ainsi que les Salers aux longues cornes. Et pour l’anecdote, un group de sangliers qui a traversé la route près de moi un matin.

Agneaux de prés salés en baie de Somme

Dès qu’arrive le printemps, les moutons d’estran, envahissent les mollières pour venir déguster les plantes halophiles. La flore maritime chargée de sel et d’iode, alliée aux longs déplacements, donne ce goût si particulier à la chair des agneaux, fort appréciée des connaisseurs. Cette viande est commercialisée sous l’appellation d’origine contrôlée (AOP) « Prés-salés de la baie de Somme« . Durant l’estive, les moutons d’estran se nourrissent principalement de puccinelle,  de salicorne, d’aster maritime et de lilas de mer.

Emmener ainsi les moutons pâturer dans les mollières est une tradition locale attestée depuis le XVème siècle au moins. Les agnelages ont lieu en bergerie durant l’hiver, même si certains éleveurs programment des naissances au printemps pour éviter les ruptures d’approvisionnement. Les deux ou trois premiers mois qui suivent leur naissance, les agneaux sont nourris principalement au lait maternel. Les bêtes sortent en Mars après les grandes marées d’équinoxe et restent en baie deux mois et demi au minimum, sur une période qui s’étend jusqu’en automne.

Leur viande est commercialisée fraîche en boucherie de Juin à Janvier. L’AOP interdit la congélation mais les conserveries en proposent toute l’année en bocaux. Les races autorisées par l’AOP sont sélectionnées pour leur résistance aux longues marches, et au milieu difficile. Il s’agit des races Suffolk, Hampshire, Roussin, Ile-de-France, Rouge de l’Ouest, Boulonnais et Vendéen. Aujourd’hui une association regroupe une douzaine d’éleveurs dont les 3600 brebis et 2200 agneaux au plus fort de la saison, constituent les 4 grands troupeaux de la baie.

Autrefois, chaque habitant des communes environnantes avait le droit de faire paître quelques moutons, et depuis des bergers et bergères sont employés de façon collective pour surveiller et guider les troupeaux. Il n’y a pas de prédateurs en baie de Somme, mais le risque d’enlisement dans les rieux les plus boueux est réel et l’arrivée de la marée est alors fatal. Il convient donc de guider les bêtes en permanence vers les passes les plus sûres et le berger doit régulièrement extirper des animaux prisonniers de la vase. Ce savoir-faire est mis à l’honneur chaque année lors de la fête de l’agneau en Septembre à Saint-Valery, avec une petite transhumance et des démonstrations de chiens de berger.

Certains troupeaux comptent aussi quelques chèvres. Une explication à leur présence et qu’elles ont le pied sûr, sont moins hésitantes que les moutons et qu’elles aident à guider le troupeau qui les suit naturellement. Pour autant, un berger m’a également dit que c’était juste pour le plaisir de les voir et de les élever qu’elles accompagnaient son cheptel…

Les troupeaux sont visibles entre Le Crotoy et Noyelles-sur-mer, également face à Saint-Valery où ils viennent régulièrement boire dans le chenal de la Somme, ou encore au Cap Hornu. Lorsque les coefficients de marée sont trop forts, les mollières sont envahies par l’eau. Tout ce petit monde retourne alors dans les pâtures derrière la route panoramique qui sert de digue autour de la baie.

Ce matin là, la brume qui peinait à se lever et la présence des tout jeunes agneaux m’ont décidé à m’arrêter le temps d’une séance de prises de vues. Le troupeau venait d’être libéré de l’enclos où il passe la nuit et les moutons encore tous regroupés se dirigeaient vers leurs zones de pâturage préférées. Un rayon de brume créait une atmosphère toute particulière en arrière-plan et c’était vraiment un plaisir de voir les jeunes agneaux gambader comme des cabris. Une belle ambiance au milieu des bêlements des animaux…

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