moutons de prés-salés

L’agneau de près salés de la baie de Somme

La tradition du pastoralisme en baie de Somme remonte au moins au XVème siècle et les moutons sont partie intégrante de l’identité de la baie de Somme. Les moutons d’estran, ou agneau de prés salés, font le bonheur des touristes et des photographes quand ils viennent boire au bord de la Somme ou bien quand ils viennent brouter la bonne herbe entre les lilas de mer (statices sauvages) en fleurs. Les images présentées ici sont une compilation de plusieurs prises de vues, avec le drone près de Noyelles-sur-mer et dans les fleurs au cap Hornu. Le berger a eu la bonne idée de lâcher le troupeau en fin de journée et j’ai pu profiter de l’occasion pour les immortaliser dans les lilas violets.

L’agneau de prés salés de la Baie de Somme

Le pastoralisme est une pratique très ancienne en baie de Somme et l’agneau de prés salés est aujourd’hui une appellation d’Origine Contrôlée (AOP). Pour le plaisir de tous, les moutons doivent paître plusieurs mois par an dans les mollières. Plusieurs troupeaux se partagent ainsi l’estuaire, rassemblant parfois jusqu’à 2000 bêtes. Et comme en Juillet les lilas de mer fleurissent, on peut avoir la chance de voir les moutons brouter entre les lilas, comme ici au Cap Hornu près de Saint-Valery-sur-Somme. Ce sont des scènes assez photogéniques, pour peu que les moutons veuillent bien relever la tête ou ne pas tourner obstinément le dos !

Les agneaux de prés-salés en baie de Somme

Actuellement les agneaux de prés-salés sont dodus à souhait et gambadent près de leurs mères en baie de Somme. Près du Crotoy, c’est un troupeau de 1600 bêtes qui parcourt ainsi les mollières. Au petit matin, lorsque les bergers ouvrent les barrières, le troupeau prend ainsi la direction du fond de baie. Le troupeau de brebis et d’agneaux s’étire alors peu à peu en longues files qui suivent les sentes qui parcourent les mollières et s’éparpille peu à peu dans ces pâturages. La tradition du pastoralisme en baie de Somme remonte à plusieurs siècles et c’est toujours un plaisir de la voir ainsi se perpétuer.

Agneaux de prés salés en baie de Somme

Dès qu’arrive le printemps, les moutons d’estran, envahissent les mollières pour venir déguster les plantes halophiles. La flore maritime chargée de sel et d’iode, alliée aux longs déplacements, donne ce goût si particulier à la chair des agneaux, fort appréciée des connaisseurs. Cette viande est commercialisée sous l’appellation d’origine contrôlée (AOP) « Prés-salés de la baie de Somme« . Durant l’estive, les moutons d’estran se nourrissent principalement de puccinelle,  de salicorne, d’aster maritime et de lilas de mer.

Emmener ainsi les moutons pâturer dans les mollières est une tradition locale attestée depuis le XVème siècle au moins. Les agnelages ont lieu en bergerie durant l’hiver, même si certains éleveurs programment des naissances au printemps pour éviter les ruptures d’approvisionnement. Les deux ou trois premiers mois qui suivent leur naissance, les agneaux sont nourris principalement au lait maternel. Les bêtes sortent en Mars après les grandes marées d’équinoxe et restent en baie deux mois et demi au minimum, sur une période qui s’étend jusqu’en automne.

Leur viande est commercialisée fraîche en boucherie de Juin à Janvier. L’AOP interdit la congélation mais les conserveries en proposent toute l’année en bocaux. Les races autorisées par l’AOP sont sélectionnées pour leur résistance aux longues marches, et au milieu difficile. Il s’agit des races Suffolk, Hampshire, Roussin, Ile-de-France, Rouge de l’Ouest, Boulonnais et Vendéen. Aujourd’hui une association regroupe une douzaine d’éleveurs dont les 3600 brebis et 2200 agneaux au plus fort de la saison, constituent les 4 grands troupeaux de la baie.

Autrefois, chaque habitant des communes environnantes avait le droit de faire paître quelques moutons, et depuis des bergers et bergères sont employés de façon collective pour surveiller et guider les troupeaux. Il n’y a pas de prédateurs en baie de Somme, mais le risque d’enlisement dans les rieux les plus boueux est réel et l’arrivée de la marée est alors fatal. Il convient donc de guider les bêtes en permanence vers les passes les plus sûres et le berger doit régulièrement extirper des animaux prisonniers de la vase. Ce savoir-faire est mis à l’honneur chaque année lors de la fête de l’agneau en Septembre à Saint-Valery, avec une petite transhumance et des démonstrations de chiens de berger.

Certains troupeaux comptent aussi quelques chèvres. Une explication à leur présence et qu’elles ont le pied sûr, sont moins hésitantes que les moutons et qu’elles aident à guider le troupeau qui les suit naturellement. Pour autant, un berger m’a également dit que c’était juste pour le plaisir de les voir et de les élever qu’elles accompagnaient son cheptel…

Les troupeaux sont visibles entre Le Crotoy et Noyelles-sur-mer, également face à Saint-Valery où ils viennent régulièrement boire dans le chenal de la Somme, ou encore au Cap Hornu. Lorsque les coefficients de marée sont trop forts, les mollières sont envahies par l’eau. Tout ce petit monde retourne alors dans les pâtures derrière la route panoramique qui sert de digue autour de la baie.

Ce matin là, la brume qui peinait à se lever et la présence des tout jeunes agneaux m’ont décidé à m’arrêter le temps d’une séance de prises de vues. Le troupeau venait d’être libéré de l’enclos où il passe la nuit et les moutons encore tous regroupés se dirigeaient vers leurs zones de pâturage préférées. Un rayon de brume créait une atmosphère toute particulière en arrière-plan et c’était vraiment un plaisir de voir les jeunes agneaux gambader comme des cabris. Une belle ambiance au milieu des bêlements des animaux…

Saint-Valery et la Baie de Somme

Voici les images d’une promenade le long de la Somme en baie de Somme, entre les quais de Saint-Valery et le Cap Hornu. Ce jour là, les moutons d’estran étaient de la partie et le troupeau animait le rivage. quelques phoques venus se reposer dans le chenal faisaient aussi le spectacle pour les promeneurs et les groupes accompagnés de guides nature venus visiter la baie. Un peu plus loin, ce sont les lilas de mer qui enchantent les mollières de leur couleur violette.

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